Dans la vie, au début on naît, à la fin on meurt. Entre les deux… Ben il se passe pas grand-chose. Bref, je me suis fait chier.


Eternité donnait pourtant toutes les raisons d’être optimiste. D’abord, un casting cinq étoiles qu’on se plait à voir évoluer ensemble. Si les performances d’Audrey Tautou, Mélanie Laurent et Jérémie Renier notamment, sont difficilement critiquables en soit, elles souffrent d’une écriture ratée, qui ne nous donne pas le temps de nous attacher aux personnages. Les personnages sont beaucoup trop nombreux, et, de facto, pas assez développés. Ils sont en fait symptomatiques du principal problème du film : on est dans un flou permanent, que ce soit sur la généalogie (troooooooooop de petits n’enfants qui courent de partout, on ne sait plus qui est qui, difficile de s’en sortir) ou sur l’époque. J’ai passé l’intégralité du film à me demander où on se situait dans le temps, pensant que l’histoire commençait dans les années 1910, trompé par les uniformes associés à la Première Guerre Mondiale que portent les jumeaux, alors qu’on est en fait dans les années 1870 (les uniformes de l’armée française pour la guerre franco-prussienne et le début de la Première Guerre Mondiale sont en fait les mêmes). Et vu que c’était pas suffisamment compliqué comme ça, Trân Anh Hùng y ajoute dans la dernière partie du film une succession de flashbacks et flashforwards, où l’on retrouve des personnages qu’on a eu le temps d’oublier ou qu’on croyait morts depuis des lustres, j’avais l’impression de relire le Candide de Voltaire, avec Pangloss qui meurt à chaque chapitre.


Sur le plan technique, la photographie et la musique s’avèrent réussies, mais celle-ci est omniprésente, ce qui devient rapidement agaçant, alors qu’il aurait été judicieux de l’utiliser pour souligner les points de rupture du film.


Quant au fond, Trân Anh Hùng rate son sujet, en signant un film vide là où il aurait fallu proposer un film sur le vide, la vacuité de la vie humaine. Au lieu de ça, se succèdent naissances, mariages, morts, en boucle, sans, une fois encore, nous laisser le temps d’apprendre à connaître et aimer les personnages. Les rares tentatives de porter un message sont presque scandaleuses (ainsi donc, une femme ne peut s’épanouir pleinement et atteindre la plénitude de son existence si elle ne connait pas les joies de la maternité ? ).


Eternité était donc un pari risqué, mais un pari qui s’avère manqué, enchaînant incohérences et lieux communs. Oui, la vie, c’est pas toujours passionnant, mais consacrer un film à cette banalité nécessite de parfaitement maîtriser son sujet, ce qui n’est ici pas le cas. N’est pas Sam Mendes qui veut.

Quentin_Boussar
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le 14 sept. 2016

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