Eureka
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Eureka

Film de Shinji Aoyama (2000)

Ca faisait un moment que je voulais découvrir ce film, ça avait l'air d'être plutôt pas mal (euphémisme!). Bon il y a quand même une qualité à vanter en tout premier lieu, tout simplement parce que c'est ce qui saute aux yeux d'entrée de jeu, c'est la force visuelle d'Eurêka. C'est juste beau, c'est juste TROP beau! Une des plus belles utilisations du sépia que j'ai pu voir, comme chez Tarkovski et quand je dis ça ce n'est pas rien. La photographie est absolument sublime, les jeux de lumière rendent particulièrement bien et tout cela est encore plus magnifié par une mise en scène très inspirée. Entre les travellings minutieux, les quelques plans-séquence bien venus et la composition de l'espace qui donnent l'impression que les personnages restent enfermés malgré tout, on peut dire qu'Aoyama propose non seulement une superbe technique mais fait aussi preuve d'un grand sens artistique. Sa mise en scène est juste intelligente.

Eurêka est avant tout une affaire de personnages. On y suit 3 rescapés d'une sanglante prise d'otages qui, au passage, est une superbe séquence de cinéma. Quelques années encore après le traumatisme reste vivace et les survivants du carnage ont encore du mal à se remettre à vivre et porte encore ce poids sur les épaules. L'ancien chauffeur de bus, Makoto, est le personnage le plus intéressant, peut-être parce qu'on le sent plus humain et plus vivant que les deux enfants. Non pas que ces protagonistes soient inintéressants, mais leur côté un peu "statique" m'a un peu gêné. Il y avait à mon sens mieux à faire que de traiter le traumatisme en peignant des personnages presque apathiques.

Enfin le déroulement du film reste tout de même admirable bien que j'ai quand même senti la longueur du film, peut-être est-ce parce que je ne suis plus tellement habitué à en voir des longs. La première partie (quasiment 1h30) est très lente mais a le mérite d'introduire la deuxième partie, plus riche, plus dense, plus trépidante qui aura vraiment retenu mon intérêt. Plusieurs interrogations surgissent ainsi, concernant des valeurs communes à tous, des valeurs universelles: l'espoir, la guérison du traumatisme et comment renouer des liens avec soi-même. Ca nous fait réfléchir sur le sens de la vie même dans une optique plus large. Plus on avance dans le film, plus on s'attache aux personnages et plus on veut les suivre voire les guider dans la recherche de leur libération. Ce film c'est ni plus ni moins qu'un voyage initiatique vers la lumière qui les sortira de leur obscurité mentale.
C'est un film qui gagne encore plus d'estime chez moi avec le recul mais que j'ai quand même adoré sur le coup malgré les quelques moments de flottement que j'ai pu ressentir. C'est une oeuvre intelligente, à la beauté formelle éclatante et au fond très riche. Elle peut nous habiter encore un petit moment et c'est le cas pour moi. La scène précédant le plan final et le plan final sont à mon sens de très grands instants de cinéma, comptant parmi les plus beaux que j'ai pu voir. Eurêka c'est la vie, Eurêka c'est du grand cinéma.
Moorhuhn
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le 13 nov. 2012

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