Mankiewicz aime raconter ses histoires via un personnage intermédiaire. Ici, c’est un critique qui nous présente avec une pointe de mépris et de cynisme les protagonistes de l’aventure. Il aime aussi que la notion de durée, de temps soit présente. A de multiples égards, c’est le cas ici aussi. Bref. Eve rêve de rencontrer la star des planches qui la fait rêver. Elle rêve aussi du monde des paillettes, du gotha et du succès. Pour faire sa place dans un milieu où les places sont chères, tout est bon. Vraiment tout. Bien sûr le nom du personnage principal ne peut être un hasard et la question des rapports entre hommes et femmes sera centrale dans le récit. Celui-ci est traversé par le questionnement du rapport entre la femme et le temps qui passe : La peur de vieillir, d’être moins belle, de ne plus être compétitive face à de jeunes louves aux dents longues. Il se moque aussi de ces hommes manipulables et parfois spectateurs de drames qu’ils ne comprennent pas. On pourra se demander si le propos est réellement optimiste et positif tant la férocité est de mise dans le ton employé à l’encontre de ces femmes qui semblent être perpétuellement victimes d’elles-même. Autres piques, les remarques sur le succès du cinéma hollywoodien, futile, clinquant et tellement populaire semblent trahir le regard de Mankiewicz sur son propre milieu. Belle réflexion également à propos du rôle de l’interprète … muse, faire-valoir ou simple instrument du créateur ? Tout cela est bien sûr parfaitement contestable et l’on se demande si le fond de l’affaire n’est pas une simple et féroce misogynie. Question d’interprétation probablement. Reste que ça fourmille d’idées et de pistes de réflexion, que la mise en scène est soignée et rigoureuse (belle utilisation des décors, une mise en abîme) et que l’on rit de bon cœur. Le film aurait cependant gagné en efficacité en enlevant 30 petites minutes.