S’il n’attire pas les millions de spectateurs, Wim Wenders reste néanmoins un des réalisateurs les plus talentueux actuellement, en plus d’être touche à tout et très prolifique. Multi-récompensé (Palme d’or, BAFTA, nommé aux Oscars etc.), Wim Wenders, du haut de ses 69 ans, est un réalisateur à la mise en scène extrêmement contemporaine. Révélé au grand public avec ses succès Paris, Texas ou encore les Ailes du désir, il a travaillé notamment avec U2 sur Si Proche, Si Loin et The Million Dollar Hotel (scénario écrit par Bono lui-même) et il a mis en lumière le Buena Vista Social Club dans le documentaire acclamé. Il s’essayait en 2011 pour la première fois à la 3D avec un excellent documentaire sur Pina Bausch. Loin des blockbusters, il revient encore une fois à la 3D dans un film très intimiste. Le choix peut paraître étrange (et certains détracteurs diront que cette technologie n’apporte rien), il a pourtant tout son sens dans un tel film et montre le véritable intérêt de la chose.


On y suit un écrivain qui tue par accident un enfant devant les yeux de son jeune frère, et les conséquences que cela aura sur lui, sa vie de couple et sa vie professionnel, l’enfant survivant et sa mère, et comment toutes les choses finissent par s’arranger (vraiment ?).


Every Thing Will Be Fine n’est pas exempt de défauts. Avec près de 2 heures, le film aurait sûrement gagné en dynamique en y enlevant 30 minutes, tant le rythme est très lent. Il est également pourvu d’une narration très étrange. En effet, on ne sait rien des personnages et on a à 4 reprises des ellipses de plusieurs années, déstabilisant parfois le spectateur puisque certaines personnes disparaissent.


Néanmoins, ces deux « défauts », même s’ils desservent la narration et la fluidité du récit, permettent également une véritable ambiance très noire pour un film qui s’avère finalement assez optimiste. James Franco incarne brillamment cet écrivain hanté par la mort d’un enfant, accompagné de 3 actrices dont le talent n’est plus à prouver. Rachel McAdams y joue l’amoureuse de jeunesse et l’innocence du protagoniste, quand Marie-Josée Croze, qu’on ne voit que trop peu sur nos écrans, interprète la version stable et adulte de la relation amoureuse. Charlotte Gainsbourg est un personnage à part, effacée mais qui aura néanmoins son importance dans l’évolution de la psychologie du personnage principal et de celle de son fils. Sans trop vous en révéler, le dernier tiers du film mettant en scène le petit garçon survivant est la partie la plus passionnante du long métrage.


Mais la vraie force de Every Thing Will Be Fine réside dans sa mise en scène et dans l’utilisation de la 3D. La réalisation veut un film au plus proche de ses protagonistes. La 3D rappelle ainsi l’utilisation qu’a pu en faire James Cameron, dans une autre mesure, pour les scènes plus intimistes de Titanic. On se retrouve non seulement au centre de l’action mais avec les personnages. S’en réside parfois un profond sentiment de malaise car c’est ce que le film veut instaurer. Il rappelle également que la 3D est une excellente technologie, une nouvelle manière de mettre en scène pour immerger encore plus le spectateur, et une véritable façon de penser un film, où l’action se passe sur plusieurs plans.


Every Thing Will Be Fine est un film assez sombre, n’hésitant pas à déstabiliser le spectateur. Loin des produits formatés qu’on a l’occasion de voir, il dépeint un regard pourtant assez optimiste malgré ses 2 heures glauques, le tout accompagné d’une sublime mise en scène, comme toujours avec Wim Wenders, le tout porté par un casting quatre étoiles.

AlexLoos
7
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le 18 mai 2015

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AlexLoos

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