Vu, il y a quelques temps déjà, le dernier film du réalisateur iranien, Asghar Farhadi, avec le couple star Bardem-Cruz. La faiblesse du film me semble tenir aux "trous" du scénario. Un secret passé, des non-dits, sur lesquels vivent des couples et des familles, dans un petit village espagnol perdu au milieu des vignobles. Un drame qui surgit au milieu de la nuit, alors qu'on célèbre un mariage. Broadchurch dans son remake moins réussi de Malaterra. Farhadi parvient à garder l'intensité dramatique à peu près jusqu'au bout, grâce à des scènes très fortes, mais le secret se délite assez vite et plutôt grossièrement. C'est dommage. Certaines intentions demeurent floues. Des qualités toutefois : l'exposition magistrale et tout en mouvement qui, à travers quelques échanges de mots convenus et de regards plus éloquents, pose efficacement les personnages et sous-tend leurs relations. Une séquence de mariage fabuleuse où l'œil de la caméra ne s'immobilise jamais et rend avec bonheur la liesse qui précède l'angoisse. Une très belle direction d'acteurs : Bardem tout en nuances, et surtout Ricardo Darin, le père argentin et mal-aimé. Cruz, moins flamboyante qu'habituellement mais convaincante en mère terrassée par la douleur. Tout commence dans un vieux clocher poussiéreux, sorte de figure à la fois tutélaire et punitive du village, dont les murs n'ont pas oublié les promesses d'éternité des amours adolescentes. Scène muette en guise de prologue qui annonce la couleur. Pas un film inoubliable mais qui se regarde bien.