Auteur de romans, et scénariste, Alex Garland a franchi le cap de la réalisation avec un film très original sur les dangers de l'intelligence artificielle. On suit un jeune programmeur, que joue Domhnall Gleeson, qui est invité une semaine chez le patron de sa boite pour expérimenter un robot doté d'une intelligence artificielle, afin de savoir si elle serait également dotée d'une conscience.
La grande originalité du film est d'exploiter à fond son budget restreint, afin de présenter une très grande partie de l'histoire en huis clos avec seulement quatre personnages, dont deux non humains. Il faut d'ailleurs souligner la performance remarquable d'Alicia Vikander, qui joue Ava, une I.A. à l'apparence humaine, mais dont le corps est largement robotisé. Sa composition a quelque chose de millimétré, froide, comme doit l'être un robot, une version féminine de HAL, car on pense parfois à 2001.
Excepté les acteurs, dont un excellent Oscar Isaac, il faut souligner la musique de Geoff Barrow et Ben Salisbury, qui est à la fois rétro, et donne l'impression de rentrer dans le crâne avec des thèmes très dissonants, à la limite de l'agression auditive. Comme la scène de la salle de bains, où, sans en dire trop, l'association entre l'image et le son en devient insupportable.
Sans être cité, le personnage du boss que joue Oscar Isaac renvoie forcément à Google ; son entreprise est le moteur de recherche le plus utilisé de l'Internet, à tel point qu'il s'est bâti une maison ultra-sécurisée, à l'abri de tout, dans une forêt, et que son envie de révolution se situe dans l'I.A..
Le film a quelque chose de froid, dans son aspect claustrophobe, mais il a ses moments très étranges, comme celui où Isaac se met à danser sur du Get down saturday night avec son autre I.A. que joue Sonoya Mizuno.
Le film résonne forcément avec l'actualité, et les recherches sur une intelligence artificielle autonome, mais Alex Garland a su donner à Ex Machina une forme tout à fait séduisante, malgré ce budget minimal de 11 millions d'euros.