Alex Garland, petit génie de Science-fiction, à commencer sa carrière en tant que romancier avec notamment le best-seller La Plage, adapté au cinéma par un certain Danny Boyle. Forts de cette collaboration, les deux hommes travailleront ensemble sur de nouveaux projets tels que 28 jours plus tard et Sunshine. Puis, en 2014, le scénariste britannique passe le pas et devient réalisateur à son tour. Il met en scène une nouvelle histoire qu'il a lui-même écrite, à propos d'intelligence artificielle, Ex Machina.
D'une durée d'une heure et quart environ et avec un budget de 11 millions d'euros, Ex Machina est un petit film de SF qui passa malheureusement trop inaperçu. Il a néanmoins remporté l'Oscar des meilleurs effets visuels en 2016. Une récompense tout à fait méritée, mais qui est un bien maigre lot de compensation pour un film si original, intelligent et surprenant. Le thème est ici l'intelligence artificielle. Certes, d'autres long-métrage ont déjà approché ce sujet, mais celui d'Alex Garland fait parti de ceux qui l'exploitent véritablement. A tel point qu'il force le spectateur à lui aussi réfléchir et se questionner sur cette future technologie qui arrivera inévitablement dans notre monde. Les questions sont d'ailleurs à la base des dialogues, l'une en amenant une autre qui sert à la fois de réponse pour le personnage et de moyen d'approfondir le sujet pour l'auteur.
On retrouve des références à la religion au détour d'un dialogue où l'ingénieur de l'I.A. est comparé à Dieu, ainsi que dans le récit comme le fait qu'il y ait 7 sessions, que le personnage de l'intelligence artificielle porte le nom d'Ava (forte ressemblance avec Eve, nom de la première femme dans la Genèse) et que le décor est un lieu naturel immaculé qui ressemble à un paradis sur Terre. D'une certaine manière, Alex Garland essaye de nous mettre en garde contre cette nouvelle technologie qui pourrait potentiellement se retourner contre nous. L’Homme devrait peut-être arrêter de chercher à se prendre pour Dieu.
Ex Machina n'est pas seulement un film intelligent qui porte à réfléchir, il lorgne également vers le côté du thriller. Un suspens léger mais bien présent s'installe peu à peu au fil de l'histoire. La manipulation est au cœur de ce qui s'apparente à un huis clot jusqu'à la fin. Une fin qui a le mérite d'être en accord avec tout le reste du film, mais qui a de quoi décevoir et déplaire. Le jeu des acteurs en revanche n'est en rien décevant. Les trois principaux, Domhnall Gleeson, Oscar Isaac et Alicia Vikander sont tous les trois excellents. Pour sa première réalisation, Alex Garland ne démérite pas dans sa mise en scène, il se pourrait qu'il ne soit pas seulement bon à écrire des histoires. Il sait en tout cas bien s'entourer, avec des comédiens talentueux, ainsi que du duo Geoff Barrow et Ben Salisbury qui compose une bonne bande originale.
Parfois, on découvre de petites pépites de SF et Ex Machina en est une. Dans le même registre, elle nous fait un peu penser à Her de Spike Jonze sorti deux ans plus tôt et qui parlait aussi d'intelligence artificielle. C'est le genre de films qu'on ne voit pas venir mais qui reste longtemps en mémoire après le visionnage.