L'Exode revu et raccourci par Ridley Scott

"Exodus - Gods and Kings". C'est le genre de film qu'il faut voir au cinéma pour que les décors , la musique avec un fort volume sonore, les effets spéciaux s'imposent d'eux-mêmes et qu'on n'ait pas trop l'occasion de réfléchir ...
D'ailleurs, j'avais été assez emballé. Par conséquent, j'ai acheté le DVD il y a peut-être 4 ans.
Que j'ai vu alors avec une pointe de déception. Et là je viens de le revoir une nouvelle fois. Avec cette fois, une pointe de désappointement (...)

D'abord je ne peux pas m'empêcher de le mettre en perspective avec le célébrissime "10 commandements". Qui est plus lisible. En effet, le film de Ridley Scott présente pas mal de raccourcis et il y a intérêt à connaitre l'histoire si on veut suivre. Je ne suis pas spécialement croyant mais il me semble qu'il y a des incontournables qui sont gommés chez Ridley Scott par exemple le fameux repas de la veille du départ qui est à l'origine des rites. La colère de Moïse quand il voit l'adoration du veau d'or. D'ailleurs, c'était l'occasion de toiletter cette affaire pour la montrer sous une autre forme. Pas de la supprimer.

Un des rares points positifs du film c'est les fameuses plaies (d'Egypte). Là, le cinéaste a voulu donner une explication logique à leur survenue et leur enchainement : c'est une bonne idée qui est plutôt bien réalisée.

Ensuite, le personnage Noun joué par Ben Kingsley : voilà une splendide idée. Qui ne correspond à rien dans les textes (il me semble ?). Il y avait là l'occasion de développer ce type de personnage pour le mettre en challenger de Moïse ou en intermédiaire avec les égyptiens. C'était l'occasion d'apporter une autre lecture du texte. Tandis que là, ben Ben ne sert pas à grand-chose.

La représentation de Dieu. A mon avis c'est quelque chose qui doit choquer énormément de gens croyants. D'ailleurs, sur ce point, j'aimerais connaitre l'opinion d'un de mes éclaireurs préférés, férue en la matière, si elle avait la bonne idée de me lire. Lors de ma première vision, j'ai trouvé que cela pouvait avoir du sens. Un enfant de dix ans qui gouvernerait le monde expliquerait bien les incohérences du genre humain, les guerres, le règne de l'injustice, le triomphe du mal sur le bien, ... Bref, il me semblait qu'il y avait de l'idée. Lors des visions ultérieures, je suis nettement moins affirmatif ... Et je m'interroge surtout sur le sens qu'a voulu en donner le cinéaste.

Que dire du casting :
Que ce soit les acteurs jouant les rôles de Moïse ou de Ramsès, c'est-à-dire Christian Bale et Joel Edgerton, que je connais mal, ils ne me paraissent pas à la hauteur des personnages qui sont qu'on le veuille ou non au rang de chefs d'état ou de meneurs. En somme, ils manquent un peu de charisme.
Le rôle des femmes m'a paru, là encore, un peu trop édulcoré alors que le choix de l'épouse de Moïse (Sephora dans le film, Tsippora dans la Bible) est tout simplement splendide. Le film donne l'occasion de découvrir cette actrice Maria Valverde et le personnage est plutôt bien rendu.
Il en est de même de la femme de Ramses qui jouée par Golshiftey Farahani que, elle, je connais et ai bien apprécié dans d'autres films. Malheureusement ici, on ne la voit quasiment pas et a un rôle presque muet. Quel gâchis !
Myriam, la sœur de Moïse n'est pas suffisamment mise en valeur malgré la scène de confrontation avec Ramsès.

Côté réalisation, les cascades (non numériques ?) sont pas trop mal. Par contre je déplore toujours les mouvements de foules complètement numérisées. d'ailleurs on reconnait bien à voir les étendards et drapeaux flotter à l'unisson, dans une même direction. Sûr que ça revient moins cher que l'utilisation d'une vraie foule, avec soufflerie et tout le toutim. Mais l'effet n'est pas le même non plus.

Dernier point le titre : là, je me perds en conjectures. Quelle est l'idée ? De mettre au même niveau les dieux et les rois ?