Are you not entertained? Désolé Ridley mais non... Pas cette fois ci !

Dès que j'ai eu vent de la sortie d'un péplum du réalisateur d'un des films les plus marquants de ma cinémathèque personnelle, mon coeur s'est emballé. J'ai passé de longs mois à fantasmer sur ce que pourrait faire le papa de Gladiator avec un tel sujet (et les considérables ressources dont il dispose). Un enthousiasme aveugle qui m'a conduit dans le déni le plus total des critiques qui annonçaient une grosse déception...

Première constatation, on ne s'attache pas aux personnages. Le film est long, et pourtant plein de lacunes. La relation entre Ramsès et Moise n'est pas installée et c'est dommage car selon moi, elle est cruciale. J'ai d'abord cru que les deux frères entretenaient une relation conflictuelle, une compétition qui pouvait expliquer l'hésitation de Moïse avant de sauver son frère pendant la première bataille du film.. Pourquoi pas un Moïse avide de pouvoir ? Jaloux de son frère ? Ma curiosité était piquée... mais pour peu de temps malheureusement car en fait ils s'aiment bien.. Enfin on sait pas trop.

Une scène avec la famille "biologique" de Moise aurait été nécessaire pour créer un lien émotionnel entre Moïse, sa famille et nous, pour nous aider à comprendre pourquoi un homme va ensuite remuer ciel et terre pour délivrer son peuple. Mais non. Je ne parlerai pas non du peu d'importance accordée à la tribu qui accueille le prophète ainsi qu'à sa nouvelle famille (l'ellipse temporelle est ici particulièrement maladroite). Et pourtant, pour ressentir ce petit frisson quand ils finiront par échapper au grand méchant, bah on a besoin de les aimer, de comprendre leurs enjeux personnels autant que les enjeux globaux.

La relation entre le spectateur et les personnages est pour moi primordiale. Quand, rendu péniblement à la moitié du film, je n'aimais toujours pas Moïse-Batman, une chose terrible s'est produite : je suis sorti du film et j'ai commencé à blaguer avec ma Douce qui m'accompagnais ce jour là.

Le deuxième point négatif, ce sont les désagréables frictions entre une volonté de réalisme (démystification) et les interventions divines intempestives :
- Moïse se prend un coup sur la tête et voit Dieu mais en fait c'est pas une hallu, parce que c'est vraiment Dieu (à moins que Moïse se tape discrètement le crâne avant ses entretiens réguliers avec le Créateur)
- Moïse entraine l'armée des Hébreux, mène des actions de guérilla mais en fait c'est Dieu qui va faire tout le boulot (à noter qu'on ne verra jamais la dite armée combattre)...
- Moise n'écarte pas les eaux avec son bâton mais la traversée de la mer rouge est en réalité expliquée par un phénomène naturel de marée... qui est quand même l'oeuvre de Dieu !

Bref, on ne voit pas d'intention claire, pas de ligne directrice mais une multitude d'axes qui nuisent à la cohérence du récit : la recette parfaite pour générer de la frustration et pire encore, de l'ennui !
RiZeau
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le 8 janv. 2015

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RiZeau

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