Expendables, c'est une belle histoire d'amour.
Les débuts furent prometteurs, mais incertains: entre une pseudo morale avec un dictateur sud-américain sensible, sans oublier la nana sauvée par les héros, Expendables 1 manquait de saveur. Bastons brutales et gunfight à gogo étaient au rendez-vous, mais l'ingrédient magique de cet énorme cross-over des films d'action n'était pas là. Pas encore.
Néanmoins l'idée de Monsieur Sylvestre n'était pas idiote du tout. Car revenons-en au concept déjanté de la franchise, rassemblant les plus gros bourrins d'Hollywood:
Le patient Schwarzenegger, le pacifiste Statham, le modeste Bruce Willis, l'aimable Lundgren, le mesuré Crew, le philosophe Jean-Claude Van Damme, le rusé Couture, le timide Chuck Norris... le tout réalisé, et produit, par le subtil Stallone lui-même.
Puis vint Expendables 2, où toute la bande de psychopathes se vit magnifiée; dans un festival de bastons sauvages et décomplexées. Moins de cinq minutes de film, et c'était déjà une boucherie.
Ça ne se prend pas la tête, c'est fun, totalement irréaliste, hyper dynamique, pas de sentiments inutiles... Bref, c'est enfin ce que l'on attendait de la bande Stallonienne. De l'action, du free-fight, des fusillades au gros calibre, de l'humour d'action-movie, on en redemande !
En particulier JCVD, Jean-Claude Van Damme, le grand maître du "high kick dans ta gueule", dont le rôle de méchant au trench-coat allait à merveille.
Exendables 2 fut un gigantesque hommage à tous les actions heroes des années 80, truffé de références aux carrières musclées de chacun: "I'm back", "Yipikai", "Jean Vilain", "et qui d'autre? Rambo?", le Chuck Norris fact… Un succès, bien dopé à la testostérone.
Venons-en au troisième volet, où Mel Gibson, Wesley Snipes, Harrison Ford et Antonio Banderas rejoignent les tontons flingueurs. Mais ils ne sont pas les seuls (hélas?) mobilisés pour stopper Braveheart; car une flopée de jeunes acteurs sont aussi de la partie. Encore que ces derniers ont une présence inégale (Kellan Lutz a clairement les prérogatives).
De plus, le principe d'Expendables 3 se résume de cette façon:
"les vieux bastonneurs se font concurrencer par des ptits jeunes surdoués, formés aux nouvelles technologies. Mais à la fin ils vont apprendre à bosser en équipe, faire copain copain, pour profiter des talents de chacun parce qu'on est tous uniques..."
= Morale américaine typique de sitcom (ennuyante); bon sang Sylvester qu'est-ce que ça vient faire là ?
Et puis voir les jeunots apprendre la géolocalisation smartphone à papy Stallone... le spectacle en devient ringard.
De surcroît, c'est un peu -à mon sens- renier l'âme des Expendables que de rajeunir l'équipe; là où le concept même de la saga était de rassembler des vieilles pointures du cinéma d'action!
Vers la fin la routine s'installe, mais on ne boude pas notre plaisir devant les gros mitraillages en règle de Stallone et ses potes. Notamment le raid en Somalie, ou le champ de bataille démesuré servant de combat final. Dynamisme de la mise en scène, chorégraphies de bastons spectaculaires, humour peu subtil... tout va bien, on s'y retrouve malgré tout. Si l'on nous gratifie en plus d'une sympathique référence à Juge Dredd, le film reste assez jouissif.
Expendables 2 demeure le plus réussis de la saga, l'anthologie parfaite et le meilleur cross-over. Nous verrons si le quatrième opus fait mieux.