Il fut un temps béni des dieux où notre argent de poche servait en grande partie à traîner sa bande de jeunes foufou au ciné du coin, à squatter les sièges du fond, à se goinfrer bruyamment de pop-corn et à en lancer la moitié sur l'écran, au grand dam des gens "respectables" dans la salle. Une époque où l'on pouvait, sans cynisme aucun, se laisser bercer par les mésaventures pyrotechniques de héros testostéronés à s'en faire péter les biceps passant les deux heures de film à se mitrailler la gueule entre deux vannes graveleuses et si possibles sexistes / homophobes sur fond de Guns 'n roses et AC / DC. Ce fut avant que Nirvana et les végétariens ne viennent gâcher la fête, avant que Tom Hanks et Brad Pitt ne viennent prendre la place de Schwarzy et Stallone au box-office. Ce fut avant que le spectateur ne s'apercoive qu'il avait un cerveau.

Motivé par le succès surprise de "Rocky Balboa" et celui, plus confidentiel, de "John Rambo", Sylvester Stallone a donc l'idée lumineuse de réunir les gloires de la grande époque, ainsi que quelques "jeunots", sous une même bannière, celle de la réunion familiale qui va te péter ta gueule à la moyenâgeuse !

Reprenant grosso merdo la recette magique qui a fait le bonheur des cinéphiles des années 80 / 90 (des barbouzes burinnés, de l'action décomplexée, un méchant dictateur, des vannes foireuses, un score belliqueux...), Stallone parvient à en retrouver l'ambiance et la légèreté, nous offrant près de deux heures fun et complètement régréssives, à défaut d'être réellement captivantes.

Il est clair que pour apprécier l'effort de l'ami Stallone, il faut accepter la nature même d'un projet jouant avant tout la carte de la nostalgie, et faire l'impasse sur un scénario complètement con et une vacuité constante. Sans être grandiose, le spectacle est agréable et efficace, aux bastons violentes et brutales (même si on aurait aimé un montage moins cut) mais à l'image de son casting incroyable, cela ne va pas sans quelques déceptions, en premier lieu une répartition hasardeuse des rôles (en gros, Stallone et Statham se goinfrent la majorité des scènes) et un affrontement Lundgren / Li aussi prometteur que décevant.

Malgré lui, le film peut être également vu comme un constat amer de la célébrité et de la folie Hollywoodienne, la vision de ces anciennes idoles aux corps mutilés et botoxés mettant parfois mal à l'aise.

Quelques temps après sa sortie en salles, Stallone aura l'occasion de revoir sa copie, ajoutant quelques scènes, retirant quelques plans sanglants, en réajustant d'autres, pour un résultat un tantinet plus armonieux mais qui ne change pas radicalement le film, au final fort sympathique mais loin du défouloir annoncé.

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le 17 janv. 2013

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Gand-Alf

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