Je m'attendais à pire, à un vrai mauvais film. Oh, ce n'est pas non plus un bon film, mais dans le genre, on a connu tellement médiocre ! Les coutures sont grossières : on voit très bien les procédés narratifs, les scènes d'émotion par ici, les scènes rigolotes par là, histoire de donner le temps au spectateur de respirer entre les scènes d'action et de se donner un air un peu académique aussi.

Rien d'original, aucune surprise, mais l'on se surprend à apprécier l'équilibre, notamment dans la gestion de chaque vedette. Le travail d'écriture n'en pâtit pas. Je craignais cela plus que tout, que le scénario soit mal foutu pour que chacun ait son quart d'heure de lumière et puisse se polir la gloriole devant tout le monde. Or, il n'en est rien.

Ce qui pèche est ailleurs, dans le fond surtout, plus que dans la forme. L'histoire est creuse, faussement émotionnelle. Les personnages sont dessinés à la truelle. Ils sont faciles ; leur lecture est à la portée du premier bambin venu. Evidemment, l'ambition est de ratisser large. Et de fait, il apparaît évident que le film s'adresse assez fortement aux enfants mâles à partir de 10-12 ans : muscles, explosions, bidoche sanguinolente, héros virils et manichéens ont de quoi appâter le public. Quand les hormones se mettent à gazouiller aux premiers bourgeons acnéiques...

Sur la forme, c'est à peu près visible. La peau tirée de ces vieillards qui s'échinent, plus ou moins de façon pathétique, à clamer bien haut qu'ils ne sont pas encore cacochymes, se voit comme le botox au milieu du front. On se demande comment des mercenaires peuvent être aussi coquets et apprêtés, m'enfin c'est un peu à l'image de ce "fond bleu" qu'on devine obligatoire pour certaines scènes passée la soixantaine.

Le montage épouse parfois la tendance speedy, mais il reste encore regardable. Sylvester Stallone, qui est aux manettes derrière la caméra également, veille avec un certain bonheur à garder des temps de respiration raisonnables (à défaut d'être intelligemment achalandés), si bien que le film se visionne sans grand heurt. Travail honnête sur ce plan là aussi.

Voilà qu'à la fin, on se dit qu'il est temps de refermer le livre et passer à autre chose. Ah non, il y a des suites. C'est que ça a fonctionné cette petite histoire! Un film moyen qui trouve un public nombreux, ce n'est pas une première. Je ne sais pas cependant si ma curiosité ira au-delà de ce premier opus.
Alligator
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le 24 déc. 2014

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