Je ne veux pas jouer mon côté ragot, mais avant de commencer ce film, il faut se rappeler que Patrick Dewaere et Miou-Miou étaient séparés au moment de tourner, cete dernière l'ayant quitté pour le chanteur Julien Clerc.

D'où le sentiment de malaise qui perdure à la vision de ce film, comme si on voyait un couple s'aimer, puis se détruire, l'homme ayant perdu ses illusions en même temps que le chômage gagne du terrain.
On parle de la montée du chômage dans les années 70, et de la difficulté des uns à se réinsérer dans une société qui ne les veut plus, comme le déclare avec un grand cynisme Michel Piccoli.
Le rapport à Douglas Fairbanks est plus subtil qu'on ne le croit. Surnommé ainsi car il partage les mêmes initiales que l'acteur favori de son père, projectionniste en l'état, l'acteur américain incarnait le rêve, là où tout lui était possible. Une sorte de féerie qui trouvera son paroxysme avec une scène finale très connue des amateurs de Fairbanks, mais qui sonne comme belle et annonciatrice d'un drame plus grand pour l'acteur Patrick Dewaere.

Le film se résume à l'amour tourmenté entre Dewaere et Miou-Miou, qui semble être une prolongation de leur histoire vécue, avec les moments tendres, et la colère qui surgit du personnage de Dewaere, coincé dans son avenir professionnel incertain et le risque de perdre cette femme qu'il aime tant.
Il y a là comme une sorte d'autoportrait de Patrick Dewaere, jusqu'à ses explosions de colère qui le rendent assez effrayant, car on ne sait pas si elles sont simulées ou réelles sous le coup de l'émotion.
Dewaere est l'un de mes acteurs préférés, inutile de dire que je le trouve magnifique, mais tragique, dans ce rôle qui, malheureusement, lui va comme un gant.

On peut voir aussi dans le film un des premiers rôles de Christian Clavier (qui joue un serveur) et Thierry Lhermitte (qui joue un diplômé mais chômeur, sur la crise de nerfs), et le très bel emploi de John Berry, qui joue le père de Patrick Dewaere.

Que dire de ce film ? Qu'il est à la fois troublant, sur les rapports Dewaere-Miou Miou qui semblent revivre sous nos yeux, visionnaire sur la montée du chômage, et que c'est un sujet très fort, mais au fond douloureux. Je rajouterais à ça le génie trop souvent incompris de Patrick Dewaere.
Boubakar
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le 10 sept. 2013

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