Lourdeurs et Lenteurs des Redites Décousues

Désespérante absence de rythme,

scénario vide pour vaudeville décousu de situations,

gags ridicules et éculés, Fais-Moi Plaisir ! est un condensé théâtreux de scènes surannées avec lequel Emmanuel Mouret enfonce le clou quant à son approche délibérément inspirée et vieillissante d'un septième art qui ne connaît pas encore sa propre grammaire. Long, plat, inutile.

Une femme soupçonneuse demande à son partenaire de la tromper franchement plutôt que de laisser planer entre eux les soupçons d'un fantasme qu'elle ne saurait combattre. Emmanuel Mouret pousse dans ses ultimes retranchements son personnage de l'ingénu développé depuis maintenant trois longs, sans rien y apporter de neuf et, refusant effrontément de se renouveler, finit de lasser. D'autant que là où une vague humeur rohmerienne tenait ses précédents films, ici tout se dissous dans le cliché et l'absence de liant. Grotesque mal assumé, gags ridicules qui traînent en longueur et toujours cette soif étanchée de tripoter tout ce que l'époque offre de belles actrices au cinéma français, là où l'ennui posait sa marque, ce sont dorénavant les germes d'une colère qui s'égrainent : comment l'homme continue-t-il de trouver financement pour d'aussi vides inepties ? Qui rit de ces bluettes où l'ingénu dissimule mal un sexisme finalement assumé ?
Niveau casting, seule **Frédérique Bel** et la jeune **Déborah François** tirent leurs épingles du jeu pour apporter l'une sa fraîcheur, l'autre une sensualité légère et inattendue. À leurs côtés, **Judith Godrèche** est godiche, **Jacques Weber** est monstrueux de suffisance, **Dany Brillant** vient cachetonner son absence de performance ; c'est d'une tristesse indicible pour un objet qui se rêve comique. Aucune imagination dans les frictions de personnages sans épaisseur, l'impression grasse d'une pommade inefficace englue un film toujours trop bavard là où finalement **Emmanuel Mouret** n'assume pas totalement ses obsessions et joue de préciosité plutôt que d'y aller crûment dans le graveleux.
À force de prolonger des variations sur badinages, *Fais-Moi Plaisir !* accumule le ridicule plus qu'autre chose et malheureusement, plus je découvre la filmographie du jeune réalisateur français, plus je doute qu'il puisse un jour accoucher d'autre chose que de ces errances sans queue – un comble pour le libertinage – ni tête. Au comble de l'ennui, ses films se suivent et se ressemblent sans encore raconter quoi que ce soit d'un tant soit peu intéressant ou même pertinent.