"I used to encourage everyone I knew to make art ; I don't do that so much anymore."

Ce film aurait pu être un putain de foutoir ; après tout, sa base de données visuelles en est un. Il aurait pu être le simple coup de bluff d'un petit malin ; après tout, tourner un documentaire sur celui qui vous filme, ça annonce la couleur. Il aurait même pu être un simple instrument, une œuvre d'apport au monde du street-art, après tout pour finir de légitimer un art, quoi de mieux que les autres formes d'expressions qui s'y intéressent...

Mais le premier film de Banksy est juste un putain de travail de fourmi, une plongée en apnée dans les archives personnelles d'un frenchman émigré à Los Angeles fou de caméra et de graffeurs, et un retournement progressif du point de vue du spectateur dont pas mal de films à twist pourraient aisément s'inspirer. Prends-ça, Donnie Darko.

Au final, la blague n'est jamais vraiment clarifiée, les vrais enchaînements des événements jamais certifiés, et si l'homme au favori semble trop fou pour être réel, le plus terrifiant réside sans doute dans le fait que non, non il n'est pas monté de toutes pièces.
Après, les intentions cachées de Banksy sont bien camouflées, comme son identité l'est derrière un masque de singe et un altérateur de voix : veut-il vraiment donner au monde du street-art SON documentaire, veut-il juste commencer une carrière perso plus loin des entrepôts londoniens et plus près des tapis rouges ? Ou alors n'en a t-il rien à foutre de la légitimité, de la gloire personnelle, et cherche t-il juste à éclairer ses contemporains, à théoriser d'une certaine manière comment un mouvement peut passer mainstream et ce, la plupart du temps, par l'accès aux sommets non pas de ses fondateurs, mais de ses imposteurs ?

Un film sur le street-art, certes, mais avant tout sur l'art, ou en tout cas ce qu'il en reste depuis le bug de l'an 2000. En fait, ce film, ce n'est rien d'autre qu'un des meilleurs documentaires des dernières années.
lucasstagnette
8
Écrit par

Créée

le 27 juin 2012

Critique lue 844 fois

23 j'aime

2 commentaires

Lucas Stagnette

Écrit par

Critique lue 844 fois

23
2

D'autres avis sur Faites le mur

Faites le mur
Clément
8

Fantastique mise en abîme

Il est difficile de parler de "Faites le mur !" sans spoiler, sans trop en dévoiler. Allez donc le voir, rien que pour la réflexion que ça peut susciter. Si vous êtes un tant soit peu curieux de...

le 3 janv. 2011

69 j'aime

4

Faites le mur
Anna
8

J'ai beaucoup ri.

Oui, Thierry Guetta est réel, oui, Banksy le cinéclash (ah c'est autre chose qu'un twitclash du jeudi midi), oui, c'est une critique des crétins qui achètent très cher des choses qui ne sont pas...

Par

le 23 janv. 2011

59 j'aime

1

Faites le mur
fouapa
10

Critique de Faites le mur par fouapa

Exit Through The Gift Shop n'est PAS un documentaire sur Banksy. Avec malice, le film s'amuse à retourner la caméra sur le protagoniste principal, un français passé de documentariste de l'univers du...

le 26 sept. 2010

58 j'aime

6

Du même critique

La Nuit des masques
lucasstagnette
5

See anything you like?

La nuit d' Halloween, dans une petite bourgade fictive des États-Unis ; Michael Myers tue sa sœur (en la surprenant à moitié à poil au passage, ce sale petit pervers). La justice n'est pas...

le 28 juil. 2011

42 j'aime

5

Une femme sous influence
lucasstagnette
9

Mabel is not crazy, she's unusual. She's not crazy, so don't say she's crazy.

Mabel Longhetti (Gena Rowlands) est une mère au foyer de trois enfants qui souffre de déviance du comportement en société ; et par société, comprenez tout le monde sauf son mari, Nick (Peter Falk),...

le 21 août 2011

32 j'aime

9

Frenzy
lucasstagnette
8

If you can't make love, sell it. The respectable kind, of course. The married kind.

Premier film "Rated-R" du maître du suspense, Frenzy est un retour réussi pour un Hitchcock en fin de carrière à ses premières amours, le film noir et à suspense. Délaissant le politique (Le Rideau...

le 15 août 2011

32 j'aime