Un happening cinématographique
Tiens, un film réellement jubilatoire pour qui sait regarder entre les images.
"Faites le mur" n'est pas un "documentaire" comme les autres, c'est en fait un happening cinématographique, qui oscille sur le fil du rasoir entre 'réalité' et 'fiction', comme le malicieux "F for Fake" d'Orson Wells. L'énigmatique graffit'artiste anglais Banksy s'y présente comme réalisateur, en même temps qu'il se met au centre du film, sans en avoir l'air.
On met un peu de temps à comprendre que Banksy se joue de nous, pour mieux nous faire entrer dans son jeu. Ses pionniers de l'art de la rue sont vrais, cependant, si on avait eu à faire à un réel documentaire, il aurait fallu commencer par des artistes comme Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat, qui faisait la même chose au début des années 1980, et pas seulement à la fin des 1990's.
Le but est donc ailleurs. Il s'agit de nous montrer l'absurde du marché de l'art contemporain, non pas par le raisonnement ou un plaidoyer, mais par l'absurde justement. Le contenu devient contenant ou containeur.
On regrettera seulement qu'il faille probablement avoir une certaine culture interne de ce milieu pour en comprendre l'ensemble des astuces, mais c'est sans doute le prix à payer... En outre, le film peut aussi se regarder au premier degré, avec des scènes mémorables, comme celle des faux billets anglais à l'effigie de Lady Di, que Banksy a renoncé à diffuser, car tout le monde les prenaient pour des vrais...