Insérer family portraits dans son lecteur en fin de week-end, sans savoir à quoi s’attendre, c’est à double tranchant. J’avais pour ma part dans l’idée de me lover peinard devant un film tranquille, histoire de ressourcer la bête avant la semaine à venir et je me suis retrouvé propulsé devant un OFNI qui m’a pris en otage au bout de 15 minutes, m’embarquant pour un tour de montagne russe émotionnel des plus taquins. Qu’on se le dise, avec Family Portraits, Douglas Buck n’a qu’une seule intention, et pas la meilleure : vous secouer mentalement jusqu'au malaise, de telle manière qu’il vous sera impossible, en fin de séance, d’oublier ce que vous venez de voir.

Composé de trois parties distinctes, Family portraits s’intéresse à 3 familles américaines très différentes, qui rencontrent chacune des difficultés à composer avec leur quotidien. Difficultés psychologiques souvent, qui conduisent à des situations plus qu’improbables, noires au possible, à l’image du premier segment, terriblement éprouvant dans sa dernière partie.

L’ambiance mise en place par Buck pour donner à chaque partie la plus grande force d’expression possible, très dépressive en l’occurrence, fait de son film un titre peu recommandable à un large public. Chacune de ses composantes prend bien soin à rester uniquement fonctionnelle, afin de ne pas prendre le pas sur un propos si intense qu’un contexte minime lui suffit à s'exprimer. C’est pourquoi l’image n’est accompagnée d’aucune bande son (ou c’est furtif), la photographie est composée de couleurs très neutres et les acteurs délivrent une prestation d’un froid polaire, quasi clinique.

L’intention qu’on devine à l’ensemble est louable et la volonté de choquer les âmes afin de provoquer une réaction est le moteur même de Family Portraits, de ceux qui génèrent généralement fasciation ou répulsion. Il pourrait être en effet légitime, devant une telle frontalité, de reprocher à l’ensemble un côté un peu trop brut de décoffrage.

Avec Family portraits, Buck dresse un état des lieux bien sombre d’une humanité en perdition, de personnages au bord du gouffre, placés face à une souffrance mentale aussi vive qu’elle est parfois soudaine. Un petit conseil avant de poser le kawa sur la table et d’enclencher la lecture, sortez le protège-dents, ou préparez-vous à les entendre grincer ! Un film à ne pas mettre devant tous les yeux mais qui saura trouver son public parmi ceux qui aiment se lancer dans du cinoche hors-piste un peu casse-gueule.
oso
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le 2 déc. 2014

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