Personnage singulier aux multiples facettes et talents, Alejandro Jodorowsky signait en 1967 sa première oeuvre cinématographique, adaptée de la pièce de théâtre de son comparse Fernando Arrabal.


Un délire inclassable et épuisant, totalement abstrait, imprévisible de bout en bout, où le cinéaste peine à contrôler sa frénésie créatrice. Le bonhomme semble se faire plaisir tout seul dans son coin, au détriment d'une audience qui, faute de psychotropes à ingurgiter, devra soit prendre patience et se laisser bercer par la folie ambiante, soit prendre ses jambes à son cou toute affaire cessante.


Un poème visuel et sonore où n'émerge à aucun moment une véritable émotion, d'empathie pour des personnages tête-à-claques, lui étant un connard fini pendant qu'elle passe la majorité du film à geindre. Pas franchement le genre de couple que l'on a envie de suivre dans son odyssée fantasmagorique, où s'entremêlent réminiscences d'un passé traumatisant et purs fantasmes.


Pourtant, il n'est pas interdit d'éprouver une certaine fascination pour la proposition de Jodorowsky, devant une poignée d'images fortes et poétiques, comme échappées d'un songe brumeux, où le cinéaste laisse déjà entrevoir un univers qui lui est propre, avec ses obsessions et ses thématiques que l'on retrouvera plus tard dans des oeuvres bien plus maîtrisées comme El Topo ou Santa Sangre.


Troublant récit spirituel pour les uns ou gros délire pompeux pour les autres, Fando y Lis est en tout cas une oeuvre singulière et sincère, certes difficile à aborder et pouvant se montrer très chiante et agaçante, mais qui mérite le coup d'oeil si vous avez l'intention de vous plonger dans la filmographie d'un auteur passionnant.

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le 14 avr. 2016

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Gand-Alf

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