Quand on demande à quelqu'un son Disney préféré, les réponses sont souvent Le Roi Lion, Aladdin, etc... ; Mais rarement on entendra dire Fantasia. Et pourtant il s'agit d'une véritable oeuvre d'art de l'animation, une collaboration artistique qui donnera naissance à un film qui depuis sa sortie en 1940 n'a prit aucune ride. Les détracteurs de ce long-métrage lui reproche souvent sa longueur (2 heures, chose rare dans un film d'animation Disney) et le manque de "vrai scénario". Ce dernier argument est pour ma part assez stupide, vu que l'on peut considérer que Fantasia comprend non pas un, mais sept scénarios. Chacune des sept séquences est accompagné par une morceau de musique classique. La dernière séquence a cependant le droit à deux morceaux. Je vais donc faire la critique de chacun de ces segments :



  • Toccata et Fugue en Ré Mineur de Jean-Sébastien Bach : ce segment est sans aucun doute le plus étrange, mais aussi l'un des plus puissant. Il se découpe en deux parties : la première montre l'orchestre en ombre chinoise, tandis que la seconde montre des formes géométriques et abstraites. On notera que dans cette partie, certains éléments font penser aux instruments (on voit des archets). Cela donne l'impression d'être dans un rêve surréaliste dans lequel les couleurs et les formes se mélangent entre elles dans le pure des hasard. Le morceau original joué à la base à l'orgue est ici adapté pour un orchestre (dirigé par Leopold Stokowski) et le résultat et même meilleur et que les versions à l'orgue maintes fois entendus.

  • Casse-noisette de Piotr Illitch Tchaïkovski. Après le monumental et biblique premier segment, voici un segment plus léger. Il se découpe en 6 parties montrant différents éléments de la nature comme des fleurs et des champignons, ainsi que des fées. On se croirait presque devant un ballet de personnages animés (d'ailleurs c'est à la base un ballet). Sans être mon segment préféré, j'avoue qu'il s'agit d'un moment agréable avec une animation soignée.

  • L'Apprentie sorcier de Paul Dukas d'après un poème Goethe. Celui grâce auquel tout a commencé. Oui, Fantasia est partit de ce court-métrage, début de la collaboration entre Walt Disney et Leopold Stokowski. Aujourd'hui ce segment est devenu le plus connu de tous, ce qui pour ma part je le comprend mais d'un autre côté je me dis, c'est pas le meilleur non plus. Certes il reste sympa, le scénario est bien écrit et on est content de retrouver le personnage de Mickey, mais à force je trouve lassant de le montrer à chaque fois qu'on évoque Fantasia. Mais bon j'aime bien quand même. D'ailleurs le moment où Mickey rêve qu'il dirige les tempêtes et la mer est un des meilleurs moments de ce segment : un véritable sommet de l'animation. On notera l'excellente chute avec Mickey saluant le chef d'orchestre (une séance reprise dans Fantasia 2000).

  • Le Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky. Là on a du lourd : pendant une vingtaine de minutes on va suivre l'évolution des débuts de la Terre depuis sa création jusqu'à la fin des dinosaures. Prévu pour comprendre aussi les premiers hommes, ce segment très long se verra donc raccourcir durant sa préparation. L'animation est magnifique et les dinosaures sont excellents (je crois qu'il s'agit même du premier long-métrage d'animation à comprendre des dinosaures). Les passages dans l'espace au début sont d'une beauté, de même que les irruptions volcaniques et les scènes sous l'eau (ces dernières semblent répondre à celles dans l'espace vu qu'elles montrent dans l'une la vie se créer par l'infiniment petit et dans l'autre l'univers se créer par l'infiniment grand). Le combat entre deux dinosaures est aussi génial : le tyrannosaure est je vais l'avouer bien imposant et surtout assez flippant.

  • A la découverte de la piste sonore : ce petit intermède montre les vibrations de différents instruments. Un intermède sympathique avec ce personnage très adorable qui est la piste sonore.

  • La Symphonie pastorale de Ludwig van Beethoven. Encore un long segment et quel segment : plusieurs décennies avant Hercule Disney (enfin les studios) avait déjà évoqué la mythologie grecque. Ici on est au paradis : on vois des couples de centaures et centaurettes, des poneys aillés, des chevaux aillés, des faunes, des cupidons et des dieux. L'animation est colorée, vive, joyeuse. Le seul moment sombre est quand Zeus provoque un orage (le Zeus gentil dans Hercule n'est toujours pas là). Que dire de plus si ce n'est qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre de l'animation et d'une des meilleurs adaptations de la mythologie grecque.

  • La Danse des Heures d'Amilcare Ponchielli. Tiré d'un opéra, se petit ballet n'est pas le meilleur segment mais demeure sympathique : on rigole devant ces animaux tous aussi délirants les uns des autres. Un segment agréable, mais loin d'atteindre le niveau des deux précédents et du suivant.

  • Une nuit sur le mont Chauve de Modeste Moussorgski et Ave Maria de Franz Schubert. J'adore ce segment, je vais même le dire c'est mon préféré de tous les segments que j'ai cité précédemment : l'animation, les couleurs, l'ambiance, le climax et l'enchaînement entre deux morceaux tout est parfait. Le démon Chernobog (démon de la mythologie russe) fait appel à des fantômes, des sorcières, des diablotins pour une soirée infernale. Plus on avance, plus le mont Chauve est remplie de créature en tout genre. Quand je vois les gens osaient dire que Taram et le Chaudron magique est trop sombre et bien je leur recommande ce segment de Fantasia qui se révèle encore plus sombre que le plus sombre des Disney. Une fois ce délire de l'Enfer terminé par le son d'une cloche on est dans une ambiance plus calme, plus reposant et qui conclut ce chef d'oeuvre qu'est Fantasia.


Je vois que j'ai peu parler de la musique : l'orchestration est excellente; bien entendu la plupart des morceaux sont raccourcis (ce qui a provoqué le mécontentement de certains puristes).
Pour l'anecdote le film a connu deux versions : la première (restée longtemps inédite) comprend un narrateur bien visible (Deems Taylor) et inclus quelques plans de l'orchestre en plus. Il comprenait aussi dans sa première sortie une séquence qui fut censurée suite à des plaintes anti-raciste (on voyait une centaurette être servie par un centaure noir). Le personnage du centaure noir fut effacé numériquement lors de la ressortie bluray de cette version. L'autre version est plus courte et le narrateur est ici en voix off. Je vais l'avouer je préfère la deuxième version. C'est d'ailleurs grâce à cette version que j'ai découvert Fantasia.


Pour conclure ma (longue) critique je recommande de visionner ce long-métrage qui malgré sa très bonne réputation semble parfois oublié par certains. Un chef d'oeuvre des studios Disney.

hellraiser
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Trilogie non-officielle Fantasia et Mes films préférés des années 1910 aux années 60

Créée

le 26 mars 2015

Critique lue 741 fois

3 j'aime

hellraiser

Écrit par

Critique lue 741 fois

3

D'autres avis sur Fantasia

Fantasia
Gand-Alf
10

L'apprenti mélomane.

Parallèlement à la production faramineuse de son Pinocchio à la fin des années 30, le nabab Walt Disney a l'idée d'une adaptation ambitieuse du célèbre Apprenti sorcier de Paul Dukas, avec pour...

le 17 avr. 2015

45 j'aime

5

Fantasia
Walter-Mouse
10

Les grands esprits se rencontrent

Dès 1938, Walt Disney envisage d'adapter L'Apprenti Sorcier dans un court dessin animé de Mickey Mouse et demande même à Léopold Stokowski, chef d'orchestre réputé, de signer la partition pour lui...

le 12 déc. 2016

38 j'aime

10

Fantasia
MrMacPhisto
10

Le Windows media player du pauvre...

Walt Disney me déçoit beaucoup sur ce coup-là. Après des chefs-d'oeuvre tels que Pocahontas, Kuzco ou Tarzan, j'ai décidé de regarder Fantasia, qui est souvent décrit comme le meilleur Disney. Quelle...

le 16 janv. 2011

29 j'aime

31

Du même critique

Hellraiser - Le Pacte
hellraiser
10

Critique de Hellraiser - Le Pacte par hellraiser

Réalisé par Clive Barker (qui adapte pour la première fois un de ses romans, The Hellbound Heart), Hellraiser est l'un de mes films d'horreurs préférés. Avec une mise en scène efficace, de très bons...

le 24 sept. 2014

17 j'aime

1

Taram et le Chaudron magique
hellraiser
7

Critique de Taram et le Chaudron magique par hellraiser

Taram et le Chaudron Magique est depuis sa sortie un dessin animé qui fait encore polémique : son aspect sombre et l'absence de chanson ont fait qu'il est rejeté par la majorité des fans des studios...

le 19 mars 2015

9 j'aime

Hellraiser : Bloodline
hellraiser
10

Critique de Hellraiser : Bloodline par hellraiser

Hellraiser : Bloodline est sans doute l'opus le plus délicat de la saga. Partant d'un scénario ambitieux, la production fut chaotique avec reshoot, re-montage et démission du réalisateur Kevin...

le 24 sept. 2014

9 j'aime