L'adolescence, cette chevauchée fantastique

Avec Fantastic Birthday, Rosemary Myers livre un film plein d’humour et de fantaisie aux allures fantastiques sur un âge pourtant canonique : l’adolescence.


Devant Fantastic Birthday, on pense tout de suite à Wes Anderson. Personnages un brin fous-fous, hauts en couleurs, décors remplis de petits détails. Et cette enfance (enfin ici adolescence) traitée sur le ton de l’humour presque noir à l’image de Moonrise Kingdom. Greta est une jeune fille introvertie. Tout juste arrivée dans sa nouvelle école, elle fait la connaissance d’Elliott, garçon solitaire et décalé dont elle quémande l’amitié, mais aussi de trois petits monstres-filles qui tentent de s’emparer d’elle, pour mieux la moquer. Greta n’a donc pas vraiment prévu de fêter ses 15 ans en grande pompe, mais c’est sans compter sur ses parents et leur folle envie de faire une grande fête. Les voilà donc qui invitent toute l’école, dont les trois jeunes « biatch » du collège. Greta angoisse à l’idée d’être transformée en petite poupée par sa mère le jour J. Et il y a de quoi. Tout semble donc tourner au cauchemar. Et c’est là le tour de force du premier film de Rosemary Myers, offrir à Greta une virée fantastique, onirique. Elle fait de ce film aux allures initiatiques, un conte peuplé de créatures que Greta devra affronter : ses parents, son unique ami et aussi ses pires ennemies. Tous les clichés de l’adolescence dans les films, particulièrement américains, sont ici détournés avec habileté. Les personnages ont donc un double plus ou moins maléfique qui poursuit la jeune Greta la faisant courir après des choix aux allures radicales. Elle y apprendra à s’accepter mais surtout à oser reconnaître et appréhender ses sentiments.


L’indomptée


De l’humour à l’esthétique, Fantastic Birthday se distingue par un ton vif et souvent drôle. Toute situation tourne au bizarre, à la fantaisie. Et les acteurs y sont pour beaucoup, notamment le visage de la jeune Bethany Whithmore qui peut dire mille émotions en une expression. Les dialogues sont souvent savoureux, mais jamais trop envahissants. Dans ce véritable théâtre (c’est de là que vient la réalisatrice avant tout) des curiosités, tout s’enchaîne en musique (B.O. impeccable) et en danse parfois aussi. On y savoure le vent du changement. Quelque chose dans la résolution du film manque pourtant et laisse le spectateur un peu sur sa fin. Même si Rosemary Myers, avec ses deux adolescents Elliott (qui se révèle dans sa gaucherie être comme un double du petit ami de Juno, du film de Jason Reitmann) et Greta nous dit bien une chose : l’identité n’est jamais figée, les lignes bougent. Il suffit seulement d’assumer ce que l’on est, qui on veut être et de se reconnaître voire s’affirmer dans le regard de ceux auprès de qui nous grandissions. Le personnage féminin se révèle plus fort qu’il n’y paraît, s’émancipant de l’enfance, de ses peurs pour aller vers l’avenir. On quitte Greta telle une indomptée, prête à conquérir son petit monde intérieur !

Créée

le 4 févr. 2017

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eloch

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