Fantômes contre fantômes doit être le tout premier film d’horreur que j’ai vu, quand je n’étais encore qu’en école primaire. Il était passé à la TV en seconde partie de soirée (oui, à l’époque, ça se faisait encore…), et je l’avais enregistré pour le voir plus tard avec un ami.
Je n’ai gardé pratiquement aucun souvenir du film, je ne sais plus trop à quel point j’avais aimé ou non, je sais juste que ce qui m’importait, c’était le sentiment de transgression en voyant ça.
J’ai vraiment trop tardé avant de revoir ce film, alors que j’apprécie beaucoup les 3 premiers longs-métrages de Peter Jackson : Bad taste, Meet the Feebles, et surtout le génialissime Braindead. D’autant plus que Fantômes contre fantômes est le tout dernier délire trash que le réalisateur nous ait fourni, avant de se consacrer uniquement aux blockbusters tous publics.


Le scénario est pour le moins original, et je me demande vraiment comme Jackson et son épouse en sont venus à associer toutes les idées qui composent l’intrigue.
Le héros est Frank Bannister, un "enquêteur psychique", un type qui vit dans une maison encore en construction et arnaque ses clients. Il a le pouvoir de voir les esprits, et s’en sert pour que ses amis fantômes persécutent des gens, avant d’arriver en sauveur, pour faire payer son aide au prix fort.
C’est un charlatan aux gadgets bidons, il a notamment un pistolet à eau bénite, mais se retrouve un jour confronté à un véritable problème relevant du paranormal. En ville, les morts se multiplient, des gens meurent de crise cardiaque de façon inexpliquée. Frank se retrouve accusé, mais pense que c’est la Faucheuse elle-même qui est responsable.
Sans trop en dévoiler, les rebondissements sont nombreux, tout comme les personnages, dont la place dans l’intrigue n’est dévoilée que progressivement.
L’histoire est assez sombre et violente, mais Fantômes contre fantômes arrive à y combiner un sens de l’humour génial. Le film est emprunt d’un esprit décalé, il y a des situations loufoques, des personnages barrés et caricaturaux sans être lourds (sauf pour Combs, dont le personnage est trop poussif), et c’est souligné par cette mise en scène qui recèle de petites originalités. La caméra est tout le temps en mouvement, même si c’est discret.


Alors que dans Braindead, 4 ans plus tôt, tous les effets visuels étaient encore faits à l’ancienne, les CGI occupent une place étonnamment importante dans Fantômes contre fantômes. Le méchant fait souvent son apparition en sortant des murs, au début j’ai trouvé ça facile, laid, et ça a remonté à la surface d’affreux souvenirs du remake de Les griffes de la nuit. Toutefois, la différence dans le film de Peter Jackson, c’est qu’il a eu le bon sens de mêler ça à des effets pratiques, puisque le spectre interagit avec le décor et les acteurs, pour un résultat finalement très efficace.
Mais j’ai surtout été bluffé par l’incrustation dans l’environnement des comparses fantomatiques du héros, c’est hallucinant d’un point de vue technique, d’autant plus qu’ils sont très souvent présents, et c’est également très inventif. Il y a pleins d’idées dignes d’un cartoon, tout le temps, qui exploitent les caractéristiques de ces ectoplasmes.
Et niveau maquillage, on a le travail du légendaire Rick Baker, qui s’est occupé d’un personnage dont la mâchoire ne tient pas en place. Hallucinant, là encore.
Le seul élément qui a vraiment mal vieilli, c’est la créature géante à la fin, qui fait très kitsch aujourd’hui…


Fantômes contre fantômes montre ce que le Peter Jackson que j’aime, celui des débuts, peut faire avec un énorme budget. Le casting est d’ailleurs représentatif de cette association du meilleur des deux mondes, on a un grand nom comme Michael J. Fox aux côtés d’habitués de la série B, Jake Busey et Jeffrey Combs, et des acteurs dont la présence relève du clin d’œil (John Astin, le Gomez Addams original, et R. Lee Ermey).
Bizarrement, c’est un gag qui fait penser au mauvais goût des premiers films de Peter Jackson que j’ai le moins apprécié (Judge et la momie…), ça fait déplacé ici et je trouve ça facile, surtout que ça sort de nulle part.
A l’inverse, il y a des éléments typiques du spectacle mainstream qui m’ont déplu, cette fin niaise et ultra classique, qui remet en cause les règles du passage dans l’au-délà posées par le film.
Il n’empêche que Fantômes contre fantômes est un autre témoignage de ce que Peter Jackson pouvait faire autrefois, ce savoureux et ingénieux mélange de folie, de trash, et d’humour.
Comme lorsque je revois Braindead, je ressens encore en ce moment cette terrible frustration face au constat que ce cinéaste gâche son potentiel aujourd’hui.
Peter, reviens, s’il-te-plaît !

Créée

le 12 oct. 2015

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Wykydtron IV

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