Fargo passionne parce qu’il ose peindre la violence sous sa couche joliment enneigée comme aseptisée par une société qui ne veut pas la voir : les policiers semblent errer de çà de là, passent leur temps à discuter autour d’un repas, les malfrats rejouer un duo comique bien connu ; entre ces deux pôles oscille un homme que les Coen affectionnent particulièrement, un infirme-révolté incapable de s’élever au-dessus de sa condition mais dont cette dernière se reflète dans la neige environnante d’une manière si insupportable qu’elle déclenche en retour une prise de conscience et la ferme volonté d’y remédier. Pas de chance, notre anti-héros voit ses actions aussitôt anticipées aussitôt figées dans la glace, sur lesquelles il n’a plus aucun contrôle. Car la clef de la violence réside dans l’improvisation, dans l’instinctif, résulte de ruptures tonales que les réalisateurs cultivent si bien. En redéfinissant ainsi le polar, en le déplaçant depuis sa noirceur ambiante jusque dans les paysages enneigés du Minnesota, ils changent leur œuvre en monument d’absurde et d’efficacité que la série télévisuelle, quelques décennies plus tard, développera avec justesse.

Fêtons_le_cinéma
10

Créée

le 29 déc. 2018

Critique lue 142 fois

1 j'aime

Critique lue 142 fois

1

D'autres avis sur Fargo

Fargo
Gand-Alf
10

Le rouge et le noir.

En grand fan juvénile de Steve Buscemi, j'ai découvert "Fargo" à l'âge de treize ans et le verdict fut sans appel: je me suis fais chier comme un rat mort, n'y trouvant pas la violence décomplexée...

le 21 mai 2014

148 j'aime

37

Fargo
Sergent_Pepper
8

Vertiges de la lose

Fargo, c’est avant tout une ligne droite, cette saignée grisâtre dans la neige qui trace avec une mélancolie infinie une direction unique, aussi tragique que pathétique. Les protagonistes ont beau...

le 28 juin 2015

127 j'aime

17

Fargo
DjeeVanCleef
9

L'effet boule de neige

Un jour, à force, des gens vont en avoir marre mais la neige, purée... J'étais en sixième . De jolis cheveux qui tombaient en cascades de glace sur mes épaules de puceau. De glace parce que c'était...

le 5 janv. 2014

111 j'aime

23

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14