Avec l'arrivée imminente de l'adaptation série de FX une revisionnage de l'original s'imposait. La bonne nouvelle, c'est que le plaisir est intact, ce qui est à la fois excitant et un peu flippant pour cette série, qui aura fort à faire pour rendre justice à ce film culte.
L'essentiel du cinéma des Coen est là : La cruelle ironie du destin, l'humour méchamment noir, ces portraits de loosers inimitables dans une représentation furieuse de la connerie humaine. On ne sait jamais vraiment si les Coen mènent la charge contre la bêtise de leurs héros, où s'ils les aiment profondément et c'est cette ambiguïté au delà de leurs talents de portraitistes qui me rend un peu fan. Dans cette histoire de magouille ordinaire qui tourne au vaudeville criminel les personnages sont tous plus pathétiques les uns que les autres, et on en redemande grâce au scénario malin, aux acteurs (Mc Dormand et Buscemi en tête), et à une succession de séquences inoubliables (le rapt, l'interrogatoire des deux filles, la scène de crime, le broyeur).
Le cadre du film mérite également une distinction particulière tant il occupe un rôle à part entière : tout cette neige, cet enfer blanc est la cerise qui rythme le récit, et caractérise définitivement le style du film.
L'impact culturel du film est énorme, je pense notamment à cet épisode des Sopranos (réalisé par Buscemi) où Paullie et Christopher se retrouvent bloqués dans une forêt enneigée après une course poursuite rocambolesque. L'hommage est appuyé et réussi, parce qu'on ne peut pas se planter avec les Coen.