Fascination
5.4
Fascination

Film de Jean Rollin (1979)

C'est fois, c'est la bonne ! Après quatre ans de galère à tourner des films de cul pour la plupart affligeants et un film de zombie excellent en son genre (Les raisins de la mort), le sieur Rollin arrive enfin à financer un nouveau film fantastique. Le bal des égéries se poursuit, avec cette fois à l'écran l'écrivain Franca Maï et l'ex-star du X Brigitte Lahaie. Tourné au Château de la Motte sur la commune de Château-Renard, le film est un pan essentiel de la filmographie de Jean Rollin, et pour plusieurs raisons.


Pour commencer, Fascination réunit toutes les qualités de son réalisateur. Une direction d'acteurs très théâtrale, un décor superbe, de l'érotisme "éthéré" et une atmosphère fantastique incomparable. L'histoire du film tient sur deux lignes mais l'étirement des scènes ne fait pas défaut. On se prend à rêver devant la mélancolie fabuleuse de certaines scènes : la scène d'amour entre Eva et Elisabeth, éclairées par une lampe de chevet et accompagnées par un piano, alors que le soir tombe sur le château et met fin à un après-midi gris de lassitude, est sans doute l'un des plus grands moments de l'oeuvre de Rollin.


La photographie est comme d'habitude magnifique, tout comme la musique de Philippe d'Aram que j'évoquais plus tôt. Les acteurs, parmi lesquels Cyril Val, grand habitué du porno, ne sont pas très crédibles et le peu de scènes d'action le démontre. Cependant, la trame parsemée de rebondissements rend l'histoire intéressante et la fait avancer au milieu de tous ces longs passages oniriques dans lesquels le spectateur se plonge comme dans une mer de nuages.


Je ne regarde pas très souvent Fascination, mais à chaque fois je m'y noie avec une complaisance rare. Et même si le film tourne principalement autour des vampires, je m'en souviens toujours comme d'une longue poésie typiquement française, de chassés-croisés amoureux à la campagne, d'amours mélancoliques le temps d'un week-end, au milieu du brouillard et des sous-bois. Le tout est bien sûr agrémenté de magnifiques scènes de vampirisme où la beauté de la femme est mise en valeur. Dans 20 ans ce sera ma madeleine de Proust.

toothless
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le 22 déc. 2015

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