Not so Fast, baby Furious !

Après la mort tragique de Paul Walker, voilà la saga Fast & Furious arrivée à une nouvelle charnière de son histoire. La première fut le redémarrage de la saga par la prise en main de Vin Diesel de la franchise. Après un épisode 2 et 3 n'ayant que peu de connexion ensemble et dispersé en tout sens, il assure une nouvelle trilogie montant en intensité et surtout écrivant une trame scénaristique beaucoup plus élaborée qu'elle en a l'air. L'esprit original s'est aussi muté, passant de l'ambiance tuning criminelle à de l'action mécanique d'intensité internationale. Un épisode transitoire et métamorphosé en hommage au personnage de Bryan incarné par Paul s'en est suivi. Aujourd'hui, il est l'heure de reprendre les rennes pour démarrer une nouvelle trilogie mettant un point final à la franchise la plus populaire (étonnamment d'ailleurs) de ces dernières années...

On retrouve donc Dom (Vin Diesel) et Letty (Michelle Rodriguez) en lune de miel à Cuba où Cipher, une pirate informatique, va croiser leur route pour faire une proposition de travail à Dom. Ayant un mystérieux moyen de pression sur Dom, celui va trahir sa "famille" quand Hobbs (Dwayne Johnson aka the Rock) va faire appel à lui. Sa team aidée de Mr. Nobody (Kurt Russell) et de Deckard (Jason Statham), leur ennemi juré, va alors se mettre en travers de leur route afin d'avoir le fin mot de l'histoire (et anecdotiquement d'empêcher le déclenchement d'ogives nucléaires, mais bon, est-ce vraiment important?). Tout cela va nous faire voyager des rues de Manhattan à la banquise arctique.

Alors est-ce un bon épisode pour cette saga emblématique? Oui, j'ai bien dit emblématique, que l'on aime ou non, en terme de grand divertissement, elle s'est vraiment imposée et cela grave à un travail beaucoup plus fin que l'on ne peut le percevoir à première vue.

Alors, la réponse est clairement non. Ce n'est pas un bon épisode! Mais cela reste un bon divertissement sans plus.

Le point négatif principal est au niveau de ce qui définit un FF : des courses autos impressionnantes et fun à regarder qu'elles soient aménagées en poursuites ou en pur courses, c'est l'essence même de la saga! Or dans cet épisode, on n'est pas vraiment gâté.

Why are they shooting at me? -I don't know. Maybe because you're in an orange Lamborghini.

Ensuite on a l'aspect baston. Les derniers épisodes nous ont fixé des standards plutôt important en la matière. Que ce soit the Rock contre Diesel ou Gina Carano contre Rodriguez ou encore Statham vs. the Rock, ça envoyait du lourd! Ici on aura droit qu'à des petits sbires s'étalant comme des ewoks face aux forces impériales dans Star Wars... Bon on aura un très rapide Diesel contre Hivju (un roux dans les sauvages de Game of Thrones pour ceux qui connaissent sa tronche mais ne le situent pas) mais pas de quoi s'enflammer comme la carcasse de la scène d'introduction!

I will beat your ass like a Cherokee drum.

En terme automobiles, j'ai été un peu déçu sur certains aspects également. D'abord je ne comprends pas pourquoi on nous introduit cette simple Lamborghini Murcielago (certes joliment personnalisée) comme étant une voiture à un million de dollars. Ce n'est même pas une version SV... Je vous en trouve une en condition impeccable pour moins de 175.000€... Et heureusement pour ce qu'ils en font d'ailleurs! (Et pour les mauvaises langues, sachant que c'est une 4 roues motrices, elle a certainement plus sa place sur la banquise que la Twingo de ta voisine.)

Ensuite viennent les terribles effets spéciaux numériques qui pour la première fois de la saga sont absolument omniprésents... Cela m'a gâché mon plaisir à bien des occasion. F&F se distinguait également de ses concurrents par une grande place aux cascades minimisant les trucages numériques au minimum. Or ici entre véhicules ennemis virevoltant dans les airs, effets de flammes et de vagues ou véhicules s'entassant les uns dans les autres, ça pixellise, ça dénote, c'est un peu trop carré, bref, ça nuit aux plaisirs visuels et ça n'avait jamais été aussi présent dans la saga jusqu'à maintenant.

D'ailleurs les F&F visuellement ont toujours été assez réussi avec des plans mettant soit les véhicules, soit l'action, soit les physiques avantageux du casting élégamment en avant-plan. F. Gary Gray semble donc échouer ici là où Justin Lin (épisodes 3 à 6) et James Wan (épisode 7) avait réussi leur coup!

On peut également reprocher une part trop importante de scénario, c'est-à-dire de constructions narratives à travers des échanges entre personnages pas toujours très passionnant et un manque d'action ralentissant le rythme du film par rapport aux volets précédents.

Dom, you gonna turn your back on family?

Au niveau des acteurs, le revirement de Vin en méchant brise le charisme complet de la famille. Qu'on le veuille ou non, Vin est l'élément unificateur de tout le monde dans cette team d'égos surdimensionnés.

Mais bon heureusement car quelque part Statham est réellement l'acteur qui trouve sa place dans ce volet et qui tire véritablement son épingle du jeu à l'aise dans tous les domaines (baston, action, comédie et même moments tendres). Il contribue grandement au capital sympathie de la "famille" grâce au duo qu'il fait avec the Rock et même avec sa madre (Helen Mirren) qui le mène par le bout du nez. Et il est le seul personnage qui est vraiment développé par rapport au reste du casting.

Le duo Tyrese et Ludacris fonctionne toujours même s'il reste exactement identique à ce qu'il a toujours été. Michelle Rodriguez est toujours aussi rageuse (je l'aime, c'est certain, c'est de l'amour...). Et Charlize Theron, qui n'est pas forcément à la fête question action, est très convaincante dans son rôle de méchante qui lui va comme un gant malgré ses espèces de dreads toutes fines et dégueulasses qu'on lui a placé sur la tête... Le reste du casting est fort en retrait. Le pire est la présence de Scott Eastwood placé pour tâter le terrain et voir s'il plairait au public comme substitut à Bryan (hell no!!!!). Pilotant des petites voitures japonaises en accord avec l'esprit des premiers épisodes, comme le faisait Bryan, il ne sert ni réellement à l'action, ni à développer la trame... Bref, il est comme l'écusson Skoda dans le groupe VAG, il sert à couvrir une part de marché mais n'apporte rien au prestige familial...

Number 11, my ass!

L'humour est toujours au rendez-vous ce qui compense en termes de divertissement ce que l'action manque parfois à apporter. Alors on est clairement dans l'humour potache grand public que des adolescents juvéniles peuvent se balancer en vannant, mais la formule fonctionne ici.

Le scénario est également quelque chose qui est plaisant. Je parle pas forcément de l'épisode en soi avec son scénario très 90's (mais comme la nostalgie fait salle comble au cinéma en ce moment, pourquoi pas?) et ses ogives nucléaires très guerre froide, mais de la trame scénaristique générale de la franchise qui récupère toujours les éléments des épisodes précédents pour s'en servir comme atouts prêts à être dégainés! Cela donne la sensation que seule une bonne série en cours depuis des années nous procure quand on se met devant l'épisode fraîchement sorti et que l'on retrouve nos protagonistes charismatiques.

Par contre, c'est moi ou la BO du film se dégrade d'épisode en épisode?

I can guarantee... No one's ready for this.

Et enfin, je vais vous dire pourquoi j'apprécie toujours autant la franchise. Parce que c'est une des rares sagas qui réunit dans une salle de cinéma un public très varié et qui fait réagir la salle comme seules des projections décalées dans des festivals à thème le font encore! Et rien que pour cela, ça vaut le coup qu'elle perdure.

Bref, un nouvel épisode un peu décevant par son manque d'action automobile et de baston faisant place à plus d'explosion à la Michael Bay mais, qui grâce à un casting charismatique, réussit néanmoins à placer le film dans la succession de la saga! Espérons néanmoins que la franchise rectifie son tir pour les deux épisodes finaux à venir histoire de conclure brillamment la saga pour ses 20 ans d'existence. Un épisode à réserver aux fans, car ce n'est vraiment pas l'idéal pour embarquer dans le train en marche.