Le vrai drame avec Hobbs & Shaw, ce n'est pas sa crétinerie assumée et revendiquée (le film ne fait même pas semblant d'essayer et fait dire à son méchant "I'm the Bad Guy" dès les premières minutes, dans un abandon et une paresse absolus), ce n'est pas non plus sa réalisation sans personnalité digne d'un clip de Maitre Gims avec des idées aussi inventives qu'une succession de trois plans aériens terminés par des ralentis pour introduire un nouveau lieu et ses scènes d'action surdécoupées avec les inévitables ralentis sur les coups de poing.


Non. On ne va pas non plus en vouloir à Hobbs & Shaw pour cette histoire de virus qui "liquéfie les organes" mais dont on ne voit jamais vraiment l'efficacité (dommage, c'est rigolo les organes liquides), ni encore pour la masculinité toxique de ce combat de coq de plus de deux heures entre deux chauves bodybuildés et la glorification de la force brute et du meurtre de masse parce que, soyons honnête, c'est pour ça qu'on est venus et on se marre bien pendant une demi-heure, avant que le rythme ne retombe et que le film s'étouffe de sa propre lourdeur. Ne blâmons pas trop, de manière paradoxale, le discours sur la famille, encore plus indigeste que les blagues sur les tailles des zizis des deux héros : on peut se la jouer gros bourrin qui résout tout ou cognant et qui a la classe parce qu'il tuait plein de gens en Afghanistan mais être un bon papa / bon frérot, hein, il s'agit d'inculquer aux gamins les bonnes valeurs. D'ailleurs, Hobbs & Shaw ne contient pas la moindre tâche de sang : il faut glorifier la violence sans la montrer. Parfait. Hobbs & Shaw est-il un film eco-responsable et LGBTQ-friendly ? N'allons pas par là,merci.


Non, le vrai drame avec Hobbs & Shaw, c'est que ce qui aurait encore été il y a vingt ans un nanar honteux et ringard avec Steven Seagal, Chuck Norris, voire Denis Rodman, sorti directement dans le fond d'un vidéo-club, est désormais la norme dès qu'on lui file 200 millions de budget. C'est LE truc qui représente le cinéma Hollywoodien dont on nous abreuve une dizaine de fois par an et qu'il "faut" aller voir, avec des acteurs qui se dandinent devant des fonds verts et deviennent des icones."C'est du divertissement", hein. Conditionné, servile, cynique, crétin. La recette, on nous la ressert dix fois par an mais on fait semblant d'y trouver des nuances. D'ailleurs, soulignons la façon dont les distributeurs mettent Eiza Gonzales sur l'affiche, elle qui a bien 20 secondes de présence à l'écran, alors que Ryan Reynolds ou Eddie Marsan sont bien plus visibles, voire plus importants à l'intrigue. L'accent russe forcé du pourtant génial Marsan vendent moins que le décolleté plastifié ? Je n'ose y croire.


Après tout, Hollywood a bien raison de nous prendre pour des cons : on continue de marcher dans ces combines crasses. Vivement la suite, d'ailleurs, c'était golri quand The Rock se moque de Jason Tatanne parce qu'il est petit et que Jason Tatanne se moque de The Rock parce qu'il est gros.


Et sinon, The Rock, il arrive encore à se torcher le cul ou les baobabs qui lui servent du bras l'oblige à rivaliser d'astuce pour trouver un nouveau stratagème ?

Pierre_Sopor
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le 21 août 2019

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