Lorsqu’il brosse le portrait satirique du hip-hop français à grands coups de paroles vulgaires et de tenues vestimentaires excentriques, qu’il insère dans une peinture plus large de nos sociétés du divertissement télévisuel, Fatal s’avère plutôt bien vu et audacieux dans sa démarche. En mêlant la bêtise pure à une certaine cruauté vis-à-vis des caricatures représentées, il aborde le show-business comme une vaste industrie qui convertit la boue en or, qui recycle les ordures pour en faire de l’argent. Aussi la première partie du film, ainsi que sa dernière, emportent-elles l’adhésion en raison de la communion dans la médiocrité des masses groupies avec leur idole de pacotille, sur fond de compétition puérile entre deux stars dépourvues de talent.


Michaël Youn raccorde l’icône à sa faiblesse intellectuelle et morale, contre l’idéalisation que constitue la vénération aveugle des fans ; il pèche néanmoins par orgueil, refusant à mi-parcours le ridicule complet de son personnage pour le revigorer lors d’une échappée montagnarde qui humanise un fantoche de manière artificielle alors que les autres figures demeurent évanescentes. Dit autrement, le sauvetage de son héros principal dévie la trajectoire parodique du long métrage vers un drame plus intimiste – quoique gorgé de second degré et de gags potaches – en laissant de côté les autres personnages, réduits à leur seule enveloppe corporelle et à leur utilité dans l’histoire. Toutes les femmes apparaissent telles des prostituées, de l’ex petite-amie amoureuse de l’argent à la « cochonne » alpine en tenue de soubrette.


Plus nous avançons et moins le film ajuste son regard critique sur la société-spectacle, berné par l’illusion d’authenticité d’un Fatal Bazooka redevenu Robert Lafondue. Le même problème se posera avec le récent Divorce Club (2020) qui, en cherchant à donner de l’épaisseur à sa bande de potes, accentue la réification des personnes qui l’entourent, les voitures de course équivalant les femmes en maillot de bain.

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le 11 avr. 2021

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