Kill Heather

Étrange objet que ce Fatal Games, petit flop au box-office à l’époque devenu depuis tellement culte qu’il a engendré une comédie musicale et une série TV. Premier film écrit par Daniel Waters (Demolition Man) et réalisé par Michael Lehmann (Hudson Hawk), il met en scène une adolescente un peu paumée (Winona Ryder), à la fois populaire dans son bahut mais nantie d’une certaine éthique, qui tombe amoureuse d’un bad boy mystérieux (Christian Slater) qui va lui enseigner l’art de mettre fin au règne des Heathers.

Les Heathers (le titre original du film), ce sont trois garces hautaines et vicieuses qui gouvernent le bahut, adulées voire craintes par tout le monde, elles représentent l’élite de la classe et de la hautaineté. Et c’est sur ce sujet finalement peu fouillé au cinéma que Waters va se pencher. Avant tout une satire mordante des années lycée, Fatal Games peut dérouter de par son parti-pris mêlant teen movie, thriller sanglant décomplexé, drame sérieux sur les dangers du suicide adolescent et love story violente. Le long-métrage joue ainsi sur plusieurs tableaux mais ne perd jamais le spectateur, notamment grâce à son couple principal et à une folie progressive du plus bel effet.

Pourtant, Fatal Games présente les défauts d’un premier film : un certain manque de constance dans le rythme, des ruptures de ton par légion et un scénario partant dans tous les sens, Waters souhaitant peut-être en mettre trop dans un seul film. Parallèlement, la mise en scène pas vraiment resplendissante et inspirée de Lehmann empêche clairement le long-métrage de se démarquer, de s’affranchir concrètement des codes dont il s’inspire pour délivrer un produit compact et plus efficace. Reste de ce doigt d’honneur filmique une œuvre osée, parfois brillante mais un brin bordélique, qui mérite amplement une vision pour tout amateur de film transgressif.