Massacre à la hache dans un camp d'été faisant passer Jason Vorhees pour un novice



  • Ziggy c'est sérieux.

  • Tu vois Cindy, ça l'était aussi de mon côté, mais tu t'en foutais.

  • S'il te plaît, t'es la dernière à l'avoir vue avant qu'elle vrille. T'as vu des pilules ?

  • Oui, c'est une infirmière.

  • Est-ce qu'elle a dit quelque chose ou...

  • Non.

  • Ziggy, j'essaie de comprendre ce qui s'est passé.

  • On s'en fiche, c'est fini.

  • Pas pour tommy. Il est secoué. Il n'est pas dans son état normal. Tout le monde en rit : "Mary était possédée par la sorcière."

  • C'est peut-être vrai.

  • Ziggy.

  • Quoi ? Cela ne correspond pas à ta vision ordonnée du monde ?

  • Qu'est-ce que t'as ?

  • Je sais pas. Peut-être parce que Madame Lane était la seule à être gentille avec moi. Et maintenant, sa vie est fichue comme tout le monde à Shadyside.

  • Il y a toujours une raison.

  • Pas toujours rationnelle. Au fond de toi, tu le sens, non ? Il y a quelque chose à Shadyside. Un truc qui nous écrase, une malédiction. Comme une fatalité.

  • Ziggy, ça suffit.

  • Mais tu as peur de l'admettre.



Le deuxième volet de la trilogie Fear Street, intitulé Fear Street-Partie 2 : 1978, toujours réalisé par Leigh Janiak et produit par Netflix qui adapte la saga littéraire d'horreur pour adolescents à succès "Fear Street" de R. L. Stine reprend son intrigue exactement là où on l'avait laissé dans la partie 1. Gros bouleversement avec ce deuxième opus qui améliore et développe l’histoire de manière significative et convaincante. Cette deuxième partie surpasse pratiquement à tous les niveaux le premier film. Même son aspect nostalgie cinématographique référencé est reconsidéré : "bien qu'un hommage considérable au slasher soit encore de guise mais qui ici ne se traduit pas en une succession de références plus ou moins subtiles sur une multitude d'oeuvres et sur la culture pop", préférant se focaliser avant tout sur "Vendredi 13" (même si quelques clins d'oeil très appréciable demeure comme avec "Strangers Thing", "Carrie", "Stephen King"...). Un choix dans un premier temps un peu frustrant vu le plaisir que fut la découverte des nombreuses références dans Fear Street 1994, mais qui dans un second temps s'avère être des plus judicieux et intelligents évitant ainsi un sentiment de redite qui aussi permet un bien meilleur traitement du récit, faisant de cette oeuvre un film à part entière qui non seulement s'approprie le genre slasher mais aussi le réinvente. Si Fear Street 1994 est une véritable lettre d'amour au slasher conduit avec une certaine immaturité affective, Fear Street 1978 est l'épisode de l'appropriation et de la maturité.


Leigh Janiak s'imprègne allègrement de Vendredi 13, l'ingère de tout son jus pour mieux le régurgiter dans une forme qui lui est propre, dépassant le stade d'hommage et de remake, et c'est très fort. L'intrigue est beaucoup plus grave ne permettant aucun humour noir pour mieux laisser place à plus de graviter, chemin que va arpenter sans retenue la réalisatrice. Le film s'ouvre sur Deena (Kiana Madeira) et son frère Josh (Benjamin Flores Jr), accompagné de la pauvre Samantha (Olivia Welch)qui est possédée par le maléfice de la sorcière Sarah Fier. Ils ont finalement rejoint Cindy Verman, la seule à ce jour à avoir survécu au maléfice de la sorcière, pour comprendre comment elle s'y est pris. Cindy Verman raconte son histoire et c'est ainsi qu'on se retrouve plongé en 1978 dans le camp d'été Nightwing, fréquenté par des enfants de Shadyside et de Sunnyvale (une bonne raison pour explorer un peu plus la dualité des deux villes) et supervisé par des adolescents venant des deux communautés. On suit les sœurs Verman : Ziggy (Sadie Sing) et Cindy (Émily Rudd); mais aussi la version plus jeune de Nick Goode (Ted Sutherland) qui sera en 1994 le fameux Sheriff Goode en charge des meurtres. Leigh Janiak lie avec efficacité les deux premières parties permettant ainsi l'élaboration d'un concept original qui propose de nouvelles idées dans la méthode d'approche, conférant une nouvelle vision totalement bienvenue à cette nouvelle trilogie d'horreur.


La mise en scène est excellente parvenant à retransmettre une ambiance angoissante qui capture efficacement les moments de tension et d'inquiétude propre aux slashers classiques en conservant le côté rétro (le côté ringard en moins) propre à la saga littéraire usant de quelques clichés propres au genre comme avec les scènes de sexe gratuit,pour mieux nous berner par la suite avec quelques surprises narratives qui apportent une tournure inattendue, notamment durant sa finalité. Passé les 20 premières minutes qui sont un peu longues, le rythme s'emballe jusqu'à devenir constant. Les différents costumes et décors sont convaincants. La musique proposée pour ce film est excellente! On retrouve des thèmes propres aux années 70, mais aussi une composition lyrique conséquente assez effrayante qui vient appuyer les différentes péripéties. Niveau action et horreur gore, Fear Street 1978 dépasse toutes mes espérances. C'est gore, et terriblement violent. Des meurtres barbares dans une lignée des plus classiques à coups de hache et de couteaux qui viennent bouleverser les attentes par une nouvelle approche impitoyable qui brise les codes du genre en condamnant à mort dans une brutalité totale des enfants. Jason Vorhees lui-même ne s'en est jamais pris à des gosses, principe qui ne pose aucun problème au Nightwing. Fallait oser!


Le casting est très bon avec des personnages intéressants bien qu'un peu trop antipathiques par rapport au premier opus, qui n'échappe pas en plus à quelques clichés de tailles pour certains. Les comédiennes Émily Rudd et Sadie Sink livrent sous les rôles des soeurs Verman "Cindy" et "Ziggy" un superbe travail d'interprétation. Des comédiennes habituées du studio avec une Sadie Sink fantastique que l'on a déjà pu voir dans les saisons 2 et 3 de Strangers Thing. La relation entre les deux soeurs est bien posée avec une bonne dose de drame. Les sentiments qu'entretiennent Ziggy et Nick Goode, qu'incarne plutôt bien Ted Sutherland, sont intéressants; de même que le relationnel ambigu liant Cindy à Alice, une adolescente dévergondée portée sur l'alcool et le cul masquant quelque chose de plus noir (en gros l'adolescent normal), qu'incarne avec une certaine irrévérence Ryan Simpkins. Le méchant principal "Nightwing" que l'on a déjà pu voir dans le premier film est brutal, effrayant et bien plus développé. On comprend comment Tommy a pu devenir ce monstre impitoyable armé d'une hache avec son fameux sac de toile de jute faisant office de masque : une grosse référence à Jason Vorhees qui en comparaison de celui-ci passe pour un amateur. Si on retrouve quelques similitudes entre les deux tueurs, d'autres éléments viennent les différencier comme avec le fait que Nightwing en plus de tuer des enfants, est capable de courir à toute vitesse. Le massacre implacable et silencieux dont il est à l'origine dans ce film m'a heurté plus d'une fois. Il est impressionnant. Une énorme menace qui n'est finalement que le pantin de la sorcière Sarah Fier dont on explore un peu plus son histoire avec la révélation de son antre maléfique.


CONCLUSION :


Fear Street-Partie 2 : 1978 de Leigh Janiak et produit par Netflix qui adapte la saga littéraire d'horreur pour adolescents à succès "Fear Street" de R. L. Stine, est une excellente suite qui surpasse le format "lettre d'amour au slasher sous forme d'hommage" proposé par le premier film pour devenir une entité autonome à part entière qui va s'approprier le mythe du Vendredi 13 pour mieux le digérer et avec réinventer les codes du slasher. Une sacrée ambition à laquelle la réalisatrice Janiak répond de la meilleure des manières en proposant une suite faisant tout en mieux. Bien que les comédiennes principales livrent un travail d'interprétation fantastique (en particulier Sadie Sing) autour d'un drame familial des plus intéressants, j'ai une préférence pour les personnages du premier film qui sont peut-être moins bien travaillé, mais bien plus sympathique.


Avec ce second épisode, la licence Fear Street devient un incontournable du genre. Un slasher à part entière avec ses propres codes. Des félicitations sont de rigueur.

B_Jérémy
8
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le 28 juil. 2021

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