Le vit de Brian

Dans Femme Fatale, Brian de Palma --- que j'ai rebaptisé Brian Palma-de, en référence à l'amuseur – SE TIRE joyeusement SUR L'ÉLASTIQUE pendant près de deux heures.

D'aucuns ont loué, via ce film, l'indépendance du réalisateur et sa maîtrise de l'image. Je pense, d'une part, que se complaire dans l'exposition de nanas à poils (et même de scènes sanguinolentes) relève plus de la servilité que de la liberté et, d'autre part, que la virtuosité visuelle tourne à l'esbroufe et à la vacuité quand elle n'est pas sous-tendue par un récit directement intelligible et des personnages ayant de l'épaisseur.

Une personne, ici, a employé le mot « irregardable » à propos de Femme fatale, alors qu'un critique estime, lui, qu'il est un « un objet de jouissance pour le spectateur... ou du moins le cinéphile » -- comprendre : il faut être un spécialiste du cinéma pour être capable de déguster l'onanisme de Brian ; argument d'autorité.

Je souscris à la première idée. Femme fatale n'est pas un objet de jouissance, mais un instrument de torture. J'ai souffert le martyr --- j'ai dégusté ! --- en 2003 (location d'une VHS) et, ayant oublié (?!) le supplice subi, je suis de nouveau passé entre les mains du lubrique bourreau, en 2020.

Était-ce pour payer le cachet de Ryūichi Sakamoto que Palma-de a réuni des baltringues pour le casting de son film ?!

Ah, cette lancinante composition boléroïde lors de l'interminable séquence cannoise !

Elle m'a donné envie de retrouver l'utilisation que Blake Edwards a faite de Ravel dans Elle, afin de soigner mes yeux et mes tympans !!

Et bien... j'ai revu ce film. Avec des acteurs de talent (Dudley Moore, Julie Andrews) et une histoire efficace au service d'un réel spectacle : pas d'un exercice de style pathétiquement autophilique et racoleur.