Dans fenêtre sur cour, le photographe rivé dans son fauteuil est comme le double du spectateur devant son écran ; c’est aussi le double du metteur en scène, construisant son histoire et son « découpage » à partir d’une série d’images ou de séquences puisées dans le spectacle de la cour, c’est-à-dire de la vie.D’ou le traitement de l’intrigue, une approche des lieux et des personnages, au second degré si l’on peut dire, qui fait de chaque spectateur un complice, ou mieux, un voyeur. On aboutit à une abstraction émotionnelle de haute qualité, à une partie de cache-cache entre l’explicite et l’implicite où chacun est partie prenante, et qui se joue sur un ton très insolite, à la fois réaliste, poétique, et par petites touches de féérie pure, apportant à ce travail de pure virtuosité technique des éléments de discours sur l’art du voyeurisme, élevé au niveau de grand art.