Sur un scénario tiré d'un roman de Cornell Woolrich (alias William Irish). Réflexion du voyeurisme sur l'amour et le cinéma. Comme le note François Truffaut dans son célèbre recueil d'entretiens, tous les voisins qu'observe James Stewart ont pour point commun l'amour, couple qui se dispute, jeunes mariés qui passent leurs journées au lit, ménage sans enfant qui a reporté son amour sur un chien, danseuse qui s'exhibe et que les hommes désirent... Le tout renvoie James Stewart, immobilisé à la suite d'une fracture de la jambe, à son problème : épousera-t-il ou non Grace Kelly, qui ne demande que ça, mais qu'il craint. Sa position d'observateur immobile d'un crime est bien celle du cinéphile : en multipliant les cadres - rectangulaires (comme les fenêtres), ronds (comme les jumelles ou objectifs photographiques) -, la mise en scène construit une série de mise en abyme. Le voyeurisme - et l'impuissance qu'il suggère - constitue un exutoire fantasmatique du désir. Sous le polar d'une maîtrise absolue se cache une fois de plus les obsessions psychanalytiques de Hitchcock aux prises avec sa libido.