Ferdinand
6.1
Ferdinand

Long-métrage d'animation de Carlos Saldanha (2017)

Ferdinand : « Auprès de mon arbre, je vivais heureux… »

Le jour du réveillon de Noël, on a tous besoin de chaleur qui nous réconforte, nous réchauffe. C’est ce que j’ai trouvé en allant voir « Ferdinand » au cinéma ce jour-là, l’année dernière, quatre jours après sa sortie.


Ferdinand, est de ces personnages du cinéma d’animation (et du cinéma tout court), que l’on aime particulièrement : on s’attache à lui très vite, il a le visage de sa tendresse et de sa « bonhomie », et est généreux, même avec ceux qui ne l’ont pas épargné, car il est loin d’être rancunier. Et petite particularité, il aime énormément les fleurs. Ferdinand, avec sa douceur et sa sensibilité, contraste avec l’image que l’on prête aux taureaux.


C’est une force de la nature, alors que son âme est légère et pure. Son innocence le rend touchant, car il ne se rend pas toujours compte de sa force et de sa puissance.


J’aime les personnages différents des autres, anticonformistes, qui se battent pour vivre autre chose, une autre vie que celle qu’on leur inflige. C’est plus que jamais ici le cas de Ferdinand, ce taureau qui voit bien plus loin que ce qu’on lui impose, à lui et à son espèce. Il ne se conforme pas à son destin soi-disant « inévitable », il s’y refuse. Pourquoi un taureau voudrait absolument combattre dans l’arène ? Lui laisse-t-on une chance d’échapper à cette fatalité, que ce soit le combat face au torero ou à sa mise à mort ? La force de caractère mêlée à l’intelligence et à la bonté du cœur, réunit la plupart des personnages des films que j’affectionne. Que ce soit un taureau, un pur-sang, un rat, une lapine ou un chien, tous veulent autre chose que ce qu’on a décidé pour eux. Et cela peut être transposé à nos propres vies d’humain, et c’est en cela la force du cinéma, notamment des films d’animation.


Le film n’en oublie pas moins d’être une comédie et d’offrir des scènes très drôles,


notamment la « battle » de danse avec les chevaux allemands, ou la « Macarena » dansée par les trois hérissons.


Au niveau visuel, c’est beau, les couleurs sont flamboyantes, notamment les paysages, les images de prairie, de nature. Le graphisme des personnages aurait pu être travaillé davantage, cependant, on reconnaît la « patte » des studios Blu Sky, à l’image de ce que l’on a pu connaitre dans un film comme « Rio », par exemple, du même réalisateur.


Si deux de ses camarades sont « promis » à une fin funeste à l’abattoir, Ferdinand, qui aurait pu leur en vouloir de leur comportement auprès de lui, et alors qu’il aurait pu se sauver de la « Casa del Toro » seulement avec Lupe, la chèvre, ne va pas les abandonner. Ce sont ses congénères, et même s’il n’aura pas réussi à les convaincre qu’on peut changer son destin, qu’une autre vie est possible, il va tout faire pour les sauver. Avec succès. Sauf qu’il faudra encore échapper aux pattes des fermiers dans une folle course-poursuite dans Madrid. Ferdinand se fera hélas capturer, laissant ses camarades partir vers leur liberté. Cette fois, il ne pourra échapper au combat dans l’arène face à El Primero. La chèvre le supplie de se battre. Mais Ferdinand le refuse.


On assiste alors à une magnifique scène finale. Pour seule réponse au combat, il s’assoit face à son adversaire, devant une rose. Là, il rêve de son arbre, de son paradis, de sa vie douce et calme auprès de sa famille. Cette scène est tout à fait désarmante, bouleversante. Une seule scène pour tout dire. Parfaitement éloquente. Ferdinand gagne le respect du public, ce dernier demande à ce qu’il soit épargné. El Primero ne pourra que se résoudre à la réaction pacifiste du taureau, renoncera et quittera l’arène…


« Ferdinand » est l’histoire d’un taureau au cœur tendre, qui n’a jamais rien voulu d’autre qu’un destin différent que celui qui lui est promis. En refusant de se battre, alors qu’il ne l’a jamais cherché et que tout le monde le lui impose, même ses congénères, que ce soit par habitude, tradition ou résignation, Ferdinand aura peut-être réussi à faire réfléchir, changer certaines mentalités. Une belle réussite des studios Blu-Sky. Je laisserai le mot de la fin au réalisateur brésilien Carlos Saldanha concernant son œuvre : « Le film ne porte pas de jugement sur les gens qui apprécient la corrida, ni sur ceux qui mangent de la viande. Il propose juste des pistes de réflexion au spectateur ».


Ma critique complète sur mon blog: reves-animes.com

Rêves_Animés
7
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le 12 juin 2018

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