J’ai vu Festen en toute ignorance qu’il constituait le début pratique du mouvement Dogme95 lancé par Vinterberg et Von Trier pour revenir à un cinéma nu et vrai. C’est un angle presque cruel qui s’explique bien par leur manifeste mais auquel on n’est pas forcément préparé.
C’est plein d’une énergie étrange pour un drame plus que prosaïque, d’une brutalité sociale presque dérangeante dont émane pourtant une tendance à la simultanéité des actions qui nous fait planer au-dessus d’elle : effectivement, il y a un résultat dans le dénuement. Les souvenirs se dessinent allégrement depuis le septième principe de Dogme95 : le film se déroule ici et maintenant.
Je comprends pourquoi j’y ai perçu la même aura que dans le Full Frontal de Soderbergh : lui était retourné aux sources et aux contraintes, substituant un contrat au manifeste pour prêcher le vrai, la caméra à la main et la main à la pâte. Il est assez plaisant de voir des facettes du malsain bouillies et touillées, suivant une direction qui n’est opaque que sous le verre de l’expérimentation. Mais il est aussi très fatigant de devoir habituer nos yeux à suivre une image capturée parfois par les acteurs eux-mêmes, surtout quand c’est celle d’une gire sociale oppressante et angoissante à tout instant – phobiques sociaux s’abstenir.
Il faut s’accrocher pour qu’enfin l’hypocrisie se craquèle sous les assauts de la violence verbale. Un mot allemand me vient pour qualifier mon sentiment : unheimlich : étrange et sinistre à la fois.
Quantième Art