Quatre biopics étaient en lice aux Oscars, et les résultats étant tombés, on sait déjà que c'est Le Discours d'un Roi qui en a raflé la majorité (4), contrairement à Fighter qui n'en a reçu que deux, dont celui du meilleur second rôle masculin pour Christian Bale, ainsi que celui du meilleur second rôle féminin pour Melissa Leo.
Micky Ward (Mark Wahlberg) est un jeune boxeur prometteur. Entraîné par son frère Dicky (Christian Bale), ancienne (petite) gloire qui a maintenant sombré dans le crack, et poussé par sa mère possessive (Melissa Leo) ainsi que par ses nombreuses soeurs, il n'arrive cependant pas à percer. En effet, les conseils donnés par sa famille s'avèrent toujours mauvais, ses combats mal choisis et ne lui octroyant que des défaites. Suite à l'incarcération de son frère et encouragé par Charlene (Amy Adams), sa petite amie, il changera son fusil d'épaule pour prendre un nouveau départ et embrasser le destin qu'il mérite.

S'il y a une chose qu'on ne pourra pas enlever aux américains, c'est bien leur capacité à faire des biopics superbement construites (I'm not there, la biopic sur Bob Dylan, est là pour en attester, ainsi que beaucoup d'autres, dont The Social Network ou encore Into the Wild).
Ici tout est narré de façon à ne jamais ennuyer le spectateur, et cela avec une minutie presque millimétrée. D'ailleurs montre en main la première heure se consacre au plantage du décor, décrivant les personnages principaux, les relations familiales et les échecs de Micky, avant d'entamer durant sa seconde heure l'envol de notre héros et la remise en question de son frère. Cet aspect peut paraître quelque peu académique, mais ça marche incroyablement bien, tout comme ça avait été le cas pour Inception. David O. Russell, le réalisateur, se doutait que son public ne serait pas forcément composé que de fans de boxe, et encore moins de personnes connaissant « Irish » Micky Ward, et c'est pour cela qu'il a préféré mettre l'accent sur les relations sociales des protagonistes plutôt que sur la boxe elle-même. Malgré tout, que les amateurs d'uppercuts ne s'inquiètent pas, le film offre quelques matchs, dont le mythique contre Shea Neary, parfaitement mise en scène et chorégraphie, avec un Mark Wahlberg montrant qu'il a du punch. Ce choix n'est pas sans rappeler celui du génialissime Darren Aronofsky, qui avait fait la même chose avec The Wrestler, et ça n'est probablement pas un hasard s'il est ici le producteur exécutif.

Bref, The Fighter est une superbe biopic, dépeignant parfaitement les relations entre les membres de cette vaste famille qui se déchire, expliquant de façon majestueuse les causes et les effets, comme la jalousie, la haine, l'amour ou encore la trahison. Au-delà de cet aspect c'est une formidable histoire d'amour entre deux frères, une bromance, dont l'un se projette sur l'autre, tentant d'en faire ce qu'il n'a jamais été, avant de finalement aller vers la voie de la rédemption.
Christian Bale n'a pas volé son Oscar, bien qu'on eût un peu peur durant les premières minutes du film, son interprétation tapant légèrement dans le cabotinage, mais bon il faut avouer que son personnage était quelqu'un de survolté, cracké, et qui n'en laissait pas placer une. Quant Melissa Leo j'émettrais quelques réserves, non pas qu'elle ait été mauvaise, bien au contraire, mais sa présence à l'écran étant loin d'être aussi importante que celle d'Amy Adams, autre nominée du film, et à des années lumières d'Hailee Steinfeld dans True Grit.
A noter également la présence de Mickey O'Keefe, incarnant son propre rôle, entraineur et mentor de Micky.
Pour conclure, si vous avez aimé The Wrestler, il y a de fortes chances que vous succombiez au charme de Fighter, en particulier si vous aimez les destins parsemés d'embûches et de relations humaines difficiles. Si vous êtes passionné de boxe vous y trouverez également votre compte, cette oeuvre étant une nouvelle pièce de choix à ajouter aux films du genre.
Mention spéciale pour le petit caméo des personnages originaux, Micky Ward et Dicky Eklund, durant le générique de fin, et durant lequel Dicky confirme qu'effectivement, on ne peut pas en placer une quand il est parti dans son délire.
SlashersHouse
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le 6 mars 2011

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