Dennis Lee est de cette cabale de réalisateurs révélés par notre millénaire qui jaillissent avec un très beau film et un joli casting sans qu’on sache trop comment. En plus de l’effet de surprise, cela lui a en l’occurrence permis de prêter des peaux neuves à des acteurs qu’on aimerait moins discrets (Emily Watson, toujours fan ici) ou moins renfermés sur eux-mêmes (Ryan Reynolds).


C’est surtout ce duo ambigu à l’écran qui forme la trame de Fireflies in the Garden, les complices adorables contre l’autorité du tyran Willem Dafoe. Ce dernier est hélas victime de son rôle de mauvais père et hérite de l’interprétation moins épanouissante qui le réduit à une créativité inhibée. Mais peut-être cet effacement était-il nécessaire pour que l’on ressentît la force de cette famille endeuillée, explorée par des détails et des insistances par trop prégnants pour se faire bien voir chez Hollywood, mais où tout prend des airs naturels, de l’inattendu (une empathie pas toujours récompensée) au petit geste (rarement un lavage de table a eu une telle signifiance dramatique dans mon expérience cinéphile).


Chapeautée par une photographie d’enfer, l’œuvre de Lee est une plongée en eaux profondes, celles qui coulent des yeux aux moments les moins opportuns et qu’on cache où l’on peut, à l’église ou aux toilettes. Cette prégnance du relationnel est un atout majeur qui me renvoie à Prisoners (de Villeneuve) en manière de succès comme d’ambiance. Jamais très fort, juste pertinent, il agace par certains côtés un peu convenus, voire télévisuels, comme s’il fallait caser le plus d’interactions à la minute sur tout le spectre de l’émotion humaine.


Lee faillit aussi parfois à aller à l’essentiel : peut-être trop confiant dans la qualité de son image, il laisse traîner des inserts redondants. Dans la famille du film… familial, je demande tout le monde. C’est une main gagnante avec des relations soignées, un naturalisme pris au sérieux par des acteurs solides.


Quantième Art

EowynCwper
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le 29 mars 2019

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