Un petit pas pour Ryan Gosling, un grand pas pour l’humanité

Très attendu par les fans de Damien Chazelle, de Ryan Gosling, de biopic et d'astronomie, First man sort enfin au cinéma. Cette fois, Chazelle s'attaque à un biopic, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de celui d'un certain Neil Armstrong, soit le premier homme à avoir marché sur la lune. Ce drame humain s’étalant sur plusieurs années compte bien en bouleverser plus d’un. Et pas dans le sens que vous imaginez…


Revivez l’un des évènements les plus marquants de l’histoire de l’humanité


21 juillet 1969, Neil Armstrong, chef de la mission Apollo XI marque l'histoire et entre dans les mémoires. 2h56, lâchant l'échelle de sa navette spatiale, cet homme passionné par les avions et rêvant un jour de pouvoir marcher sur la lune médusa des millions de personnes en étant le tout premier homme à poser le pied sur l’unique satellite lunaire de la Terre. A vous qui rêviez d’avoir un aperçu de ce que pouvait être la vie, le ressenti d’un astronaute, c’est le film qu’il vous faut.


Damien Chazelle, quelque soit le genre de films auquel il s'attaque, il surprend, mettant toujours en avant des personnages ambitieux chercher à réaliser leur rêve coute que coute. Après La la Land, le voila embarquer Ryan Gosling sur la lune. Armageddon, Gravity, Interstellar et plein d’autres offraient du pur spectacle, First man ne sera pas axé sur les beaux panoramas et scènes catastrophes spatiales, bien que comportant quelques clichés symboliques. Son but : immerger le spectateur en suivant intimement son héros dans sa vie de famille et vie d’astronaute. En filmant de près ses personnages, en faisant gesticuler de tous les cotés sa caméra lors de moments de détresses prouvant que dans le ciel, et dans l'espace, l'être humain ne maitrise rien, le réalisateur entend bien marquer lui aussi le genre comme l’avait fait en 2013 un certain Alfonso Cuarón.


Incarner une figure iconique de l'histoire de l'humanité, défi de taille pour Ryan Gosling. Autant dire qu'on l'attendait au tournant, surtout ceux ne portant pas l'acteur dans leur cœur malgré sa prestation dans Blade Runner 2049. « Juste », c'est ce que je retiendrais objectivement de la prestation de l'acteur, comme pour sa partenaire Claire Foy (qui a bien mérité sa récompense pour la série The Crow).


Sincère, torturé, courageux, tenace, Gosling a été le choix parfait. A travers la prestation de l’acteur, tout devient très clair: les drames personnels auront marqué le parcours de Neil Armstrong. Dans le genre "j'en prends plein la tronche mais je continue à avancer", on peut dire que le célèbre astronaute en inspirera plus d’un. Bien sûr que panser ses plaies en ce coupant des autres, se replier sur son rêve et laisser sa douleur hanter sa vie n’est pas une solution, mais pourtant, en tout cas pour notre histoire, ça servira notre film. Ce voyage vers la lune n’en sera que plus symbolique.



Il vaut mieux qu’on échoue ici que là haut.



Biopic intimiste sensoriel, émotionnel et spectaculaire


Dans notre film, il ne sera pas seulement question d'entrainements, essais et préparatifs avant d'atterrir sur la Lune. Qu’on se le dise, oui l’enjeu restera l’exploit de voir un humain poser pour la toute première fois le pied sur la lune, néanmoins, il ne sera pas question de se focaliser uniquement là-dessus. Damien Chazelle, son souhait, c’est explorer l’intimité de Neil Armstrong. Ses doutes et ses peines.


Pourquoi cette personne était si froide? Pourquoi était-elle si acharnée dans son travail au point de délaisser le principal? Pourquoi était-il si distante envers sa femme et ses enfants? Et si tout ça remontait à la mort de sa petite fille Karen à l'âge de 5 ans ? Et si pour en rajouter une couche, la disparition tragique de nombreux de ces coéquipiers au cours de sa vie enfonçait encore plus le clou ? Notre film souhaite coller à la réalité.


Peu de romance, tensions de couple, et la mort, cernant de toute part notre héros. Elle aura beau faire le vide autour de lui, il la trompera plusieurs fois, lui fera face et lui rendra la monnaie de sa pièce. C’est un fait, First man a une dimension plutôt funeste tout en se voulant rempli d’espoir en faisant de ce voyage sur la lune l’achèvement de travail sur le deuil. Ses échecs et nombreuses tragédies auxquelles il aura dû faire face auraient pu avoir raison de lui. Aussi incroyable que ça puisse paraitre, Neil Armstrong, il aura su garder son sang-froid.


Dès la première séquence où Neil se trouve dans un avion-fusée à plus d'un millier de kilomètres du sol terrestre, First man montre que son expérience sera sensorielle. C’est qu’on aurait presque l’agréable sensation d’être aux cotés de Ryan Gosling ! Boulons frémissants sous le coup de la pression atmosphérique, bruit du métal de l'avion luttant contre l'altitude, caméra gigotant de tous les cotés, Damien Chazelle voudrait presque que le spectateur ressente physiquement ce que ressent son héros.


Que ce soit dans ce simple avion-fusée ou dans la navette conduisant l’astronaute et ses deux coéquipiers sur la lune, c'est l'angoisse pour nous d'imaginer que ces boites faites de métal peuvent à tout moment s'effondrer. Voila l'un des autres points réalistes du film nous montrant que réaliser un exploit d'une telle envergure, envoyer un engin dans l'espace, c'est tout un travail technique, scientifique et psychologique. Les essais ratés et les accidents graves s'enchainent sous nos yeux, il est véritablement bien question d'une des missions les plus dangereuses de l'histoire. Tant et si bien qu'on fini par être terrifié à l'idée de voir notre héros partir dans l’espace. On l’a connait l'issue de tout ça, mais c’est une émotion humaine, une part de naïveté s’échappe de notre subconscient. L'angoisse de l'échec est là.


Comme pour Gravity, Damien Chazelle met un point d'honneur à travailler les bruitages faisant véritablement ressentir au spectateur ce que c'est que d'être un astronaute placé dans un espace confiné jusqu'à par moments lui faire manquer d'oxygène. Aussi, les sensations seront auditives montrant la différence entre les bruits de notre planète, et le silence de l’espace. Visuellement, First man pourrait en dérouter plus d’un habitué aux films sur les voyages spatiaux. Style visuel sobre accentué par des petites imperfections, caméra restant constamment collée à Ryan Gosling et ses jolis yeux bleus dirigés vers les étoiles, le but est définitivement d’être immersif et donc, réaliste. Quant à l'arrivée sur la lune, là aussi, c'est saisissant de réalisme. Après avoir vécus aux cotés de Neil les hauts et les bas professionnels et personnels, nous voila enfin basculer dans quelque chose d’un peu plus joyeux. LE moment culte du film.


Le voyage vers la lune sera un pur moment de rêve, accentué par une bande son intense à vous faire vers une petite larme. D’ailleurs, la bande originale composée par Justin Hurwitz se veut originale, proposant un choix de mélodies et musiques diverses et variées. Toutes illustrant lieu, sentiment ou action. Mélancolie, rêverie, tragédie, héroïsme, à travers ses musiques, Damien Chazelle souhaite accroitre l’expérience de son film. Et ça marche jusqu’à surprendre par le changement soudain du style musical. Alors que la première heure donnera la sensation d’entendre des musiques sorties tout droit d’un film indépendant, le décollage d’Apollo XI vers la lune donnera l’illusion que nous avons basculée dans un blockbuster. Soyez rassuré, ce ne sera jamais le cas.


Effets spéciaux parfaits, reconstitution parfaite, les films effectuant des louanges à l’Amérique, c’est pas son truc, Chazelle ne mettra pas en avant la pose du drapeau américain. La symbolique du film sera plutôt l'empreinte de pas sur la lune. Au moins, ça ce démarque des films patriotiques américains du genre. Ceux qui ont vu Armageddon savent de quoi je veux parler. C’est avec ce nouvel élément que l’on nous confirme l’authenticité de First man.


Au final, fascinant, mature, intimiste, immersif, tragique, First man va au-delà du simple biopic relatant un exploit. Sacrifice, deuil, isolement, solitude, tels seront les thèmes explorés confirmant l’œuvre humaniste avant tout. Pour quelqu’un qui raffole des films dans l’espace, de courage, de réalisation de rêve, d’émotions physiques et psychologiques, j’ai été aux anges. L’aigle c’est posé, Damien Chazelle a décroché la lune rien que pour nous.

Jay77
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2018 et Les meilleurs films avec Ryan Gosling

Créée

le 18 oct. 2018

Critique lue 122 fois

1 j'aime

Jay77

Écrit par

Critique lue 122 fois

1

D'autres avis sur First Man - Le Premier Homme sur la Lune

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
blig
9

Fly Her To The Moon

On est souvent porté par l'emphase et la démesure lorsque l'on s'attaque à un film qui nous a bouleversé. On voudrait se montrer exhaustif, en explorer toutes les aspérités, en développer tous les...

Par

le 17 oct. 2018

101 j'aime

14

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11

Du même critique

Spider-Man: Far From Home
Jay77
4

Spiderman s’exporte en Europe

Même les super héros ont droit de prendre des vacances. Surtout après avoir vécu la pire des épreuves en affrontant Thanos. Suite direct d’Avengers Endgame, Spider-man Far From Home confronte son...

le 3 juil. 2019

15 j'aime

19

Aladdin
Jay77
7

Le prince Ali Ababwa fait peau neuve

Le diamant d'innocence, solitaire, acrobate, amateur de pommes, accompagné de son singe espiègle et le génie de la lampe, fait un retour évènement sur grand écran. Après avoir conquis le cœur des...

le 22 mai 2019

14 j'aime

5

Bird Box
Jay77
8

Fermez les yeux…enfin sauf pour regarder ce film

Le chat noir collant aux basques de Sandra Bullock dans Gravity, ne l'a finalement pas quitté. Cinq ans après en avoir bavé dans l'espace, Netflix plonge Sandra Bullock en plein cœur d'un survival...

le 27 déc. 2018

14 j'aime