First Man fait preuve de noblesse en adaptant la vie d’un des héros de l’Amérique tout en lui ôtant cette notion de héros ; Ryan Gosling devient alors un Neil Armstrong humble mais surtout accablé de chagrin. Le deuil devient la trame de l’histoire pour cet homme qui va réaliser le rêve du monde entier, marcher sur la lune.
La science fiction a d’ailleurs, ces derniers temps, souvent tendance à relier la petitesse de l’Humanité face à l’immensité de l’espace par la place qu’occupe la mort dans la vie des terriens (Gravity, Premier Contact), sauf que là, la disparition n’est pas un élément romancé. La sensation de déjà vu est grande alors qu’on attendait de Chazelle une dimension plus inédite.
Premier film qu’il adapte sans en écrire le scénario, ce qui s’en ressent, Damien Chazelle parvient tout de même à y insérer sa marque de fabrique. La notion de sacrifice est bien présente mais pas assez égratignée pour faire mal. Le tempo viendra surtout dans la retranscription de chaque détail sonore dans l’enfermement de la cabine. Magnifique premier plan qui ouvre ainsi la brutalité de l’espace et toute sa splendeur, suivi par de nombreuses autres scènes de lancement, toutes aussi immersives.
Pourtant, elles arrivent avec un décalage. On s’est ennuyé avant, ce qui fait que le spectateur pâtit d’une distance avec la grandeur de ce qui nous est montré. L’arrivée sur la Lune maîtrise les codes du genre, autant dans sa manière d’être filmée (qui rappelle 2001 l’Odyssée de l’Espace forcément), que par la musique qui nous accompagne. Mais cette scène tant attendue vient au bout d’une histoire qu’on connaît déjà, avec des enjeux hollywoodiens et un ennui qui s’est installé tout au long du film.
Jamais on n’atteint l’émerveillement, Gosling incarnant toujours cette même mou qui finit par lasser, donnant le spectacle d’un drame annoncé au sein d’une famille sacrifiée.
First Man se prévaut de bons ingrédients mais garde cette trace de décalage, comme un léger retard à l’épanouissement du public.