Après La La Land, Ryan Gosling enfile le scaphandre de Neil Armstrong avec une froideur lunaire. Dans cette biographie , le cinéaste insiste sans cesse sur la précarité des engins et vaisseaux pilotés par l’astronaute du début des années 1960 à ses premiers pas sur la Lune le 21 juillet 1969. Dès la saisissante première scène, Ryan Gosling demeure tout le long lunaire. C'est le cas de le dire. L'explication la plus évidente à cette absence mélancolique, c'est cette perte d’une petite fille, emportée en bas âge par le cancer. Mais, Damien Chazelle cumule trop de déjà vu pour passionner au-delà du portrait à la fois intime et clinique qu'il dresse de son héros lunaire . Le film emprunte les chemins d’un biopic assez classique avec une froideur du personnage principal qui étouffe toute émotion au contraire d'un Philip Kaufman dans L'étoffe des héros en 1983. L’alunissage du 20 juillet 1969 est toutefois restitué avec une force impressionnante. Un peu victime de son sujet, plus axé sur l'homme que sur la mission, Damien Chazelle ne s'avère pas aussi brillant qu'avec Lalaland. Un homme qui se réfugie dans le travail pour compenser une absence, une douleur. Voilà ce qu'était Neil Armstrong pour notre réalisateur. Malheureusement, on n’apprend finalement pas grand-chose hormis qu’Armstrong a perdu sa fille très jeune. Dans ses films précédents, Damien Chazelle parvenait très bien à rendre compte de la mentalité d'un milieu bien défini. Il n'en est rien dans First Man, mis à part dans la volonté de la Nasa de supplanter la Russie en matière de conquête spatiale. La mort est aussi omniprésente dans le film. Elle plane évidemment sur le héros. C'est ce même rapport qui intéresse tant Damien Chazelle. La première séquence dans l'habitacle d'un avion qui essaye de sortir de l'atmosphère et surtout d'y rerentrer est un moment incroyable d'immersion . Je m'attendais maintenant à voir une bonne partie du film sur la préparation de la mission et l'autre sur le voyage. Or, le voyage sur la lune ne dure pas plus de vingt minutes. Le problème pour moi est que tout s'étire en longueur. First Man est avant tout un film sur l’isolement et l’impossibilité de vivre avec ses peines . C’est surtout un film très conventionnel, sans surprise et presque sans passion. Ce qui me dérange le plus dans ce film, c'est la tristesse et l'esprit dépressif attribué au héros. Enfin, un détail qui a son importance à mes yeux, comme on le voyait bien dans le film Apollo 13, l'intérieur des capsules est très lumineux et bien éclairé. Ici, le film nous montre des capsules dans le noir intégral, avec une planche de bord toute sombre.