Five c'est le délire entre potes dont on rêve ou dont on a tous rêvé un jour, incarné en un film.
Celui de la collocation avec sa bande sans les soucis d'argents qui vont avec.
Celui des relations amoureuses (et sexuelles, cela va de soi) entre amis qui ne créent pas de problèmes.
Celui de l'illégalité joyeuse, promue et même encouragée, décidément rebelle et fougueuse.
Celui du voyage incognito au bout du monde.
Toujours avec ces amis.


C'est le postulat du film, et il faut bien avouer qu'en toute cohérence, il ne le lâche pas : rester entre amis, un point c'est tout.
Morale pompeuse et discours facile sur l'amitié, dont on pourrait sans doute tirer une petite thèse, à la clef.
Cette bande de pote on l'a voulue égalitaire, solidaire. Mais au final il faut là encore bien avouer que malgré la voix off classique du début et de la fin qui donne la part belle à la fille du groupe, c'est évidemment deux mecs qui prennent le dessus. Sam, que Pierre Niney incarne avec simplicité, sans faire trop de vague, avec son débit mitraillette et son ton ironique bien d'aujourd'hui, et Timothée qu'incarne, avec ici nettement plus d'impact, la révélation François Civil, habile en branleur enfumé et un poil crade.
Au détriment des autres ; que ce soit le black de service, Nestor, que l'on relègue au (plus que) second rôle et au queutard de la bande, interprété avec une fadeur rare par l'inconnu Idrissa Hanrot, ou bien le rôle que le scénariste et réalisateur Igor Gotesman s'est donné, personnage intéressant malheureusement pas assez exploité.
On a donc cette petite bande, ces "five" qui donnent leur nombre au titre, que l'on voudrait égaux mais qui au final sont bien au service d'une intrigue résolument centrée autour du duo Pierre Niney-François Civil, qui d'ailleurs fonctionne très bien. Il faut dire qu'avec deux tels comédiens, il est difficile de se priver d'une centralisation scénaristique...!
Igor Gotesman dont on doit saluer le talent d'avoir assumé avec courage le rôle de scénariste, dialoguiste, acteur et réalisateur, s'en tire avec honneur ; son film est un film de potes malin, calibré pour les gags, résolument français et actuel, qui fera sourire de nombreuses fois, à défaut de faire vraiment rire.
Car centrer l'intrigue autour du sexe, de la drogue et du fric (et même du caca), ne promet pas les gags les plus fins et les personnages les moins extravagants. C'est parfois lassant, même si ça a le courage de ne porter aucun jugement moral (ça deale, ça fume et ça ken avec joie, humour, sans que cela soit critiqué. Mais soit, c'est le parti pris et il amuse tout de même). Le film doit aussi beaucoup à ses solides seconds rôles, que ce soit le fameux Omar, qui nous réserve la scène la plus drôle du film ("Ta gueUEUEUEULE !!""), ou encore le toujours hilarant Pascal Demolon, ici délicieusement pervers qui, lui, nous réserve une des scènes les plus déstabilisantes du film.


Malheureusement les côtés graveleux et goguenard pleinement assumé se dissipent vite pour rentrer dans le plus grave, le plus moralisateur.
C'est parfois réussi, comme avec la jolie histoire foirée entre Sam et Maia.
Ca l'est souvent moins, comme avec ce final un peu précipité et sacrément culotté dans son incohérence, soudain bien sérieux, dont on ne sait trop quoi tirer, si ce n'est un goût décevant de ratage partiel.

Créée

le 18 avr. 2016

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Charles Dubois

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