Savior of the universe.
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Max Von Sydow aura décidément eu une carrière bien cahoteuse. Suivi déjà dans La Mort en direct par un Robbie Coltrane indétectable, il s’impose en solitaire comme la figure phare de Flash Gordon. À une époque où la Guerre des Étoiles fait rage, celle que mène Hodges est plus intimiste et beaucoup plus colorée, amenant un contrepoint discret au succès ravageur de son concurrent.
Les visages en plastique sont en place, les faiseurs d’effets spéciaux sont prêts à faire feu de tous boutons, et voilà toute la cérémonie dont on a besoin pour rentrer dans l’univers minimaliste du héros de BD. Accueillis par un bruitage généreux des scènes en avion – pas de jaloux : à chaque plan son vraoum fracassant – puis par la stupéfiante coïncidence que le coucou en question se crashât de sorte à réunir les personnages principaux, on est rapidement en droit de se demander si le maquilleur n’aurait pas quelque colle à nous prêter pour éviter à notre mâchoire de se décrocher devant tant d’absurdité.
Heureusement, le maquilleur était occupé, avec l’équipe des décors et des costumes, à faire du film le bonbon acidulé visuel qui fait son intérêt. Pas question de copier George Lucas ou de rivaliser avec lui (les tirs laser ? Les icônes féminines ? C’est innocent, voyons !), et Hodges a bien compris que c’est l’arrière-plan qui donnerait à sa progéniture sa saveur. Il avait déjà obtenu l’assistance de Queen pour le fond sonore, malgré la perplexité de De Laurentiis, producteur de son état, qui se demandait qui pouvaient bien être « ces Queens ».
Quant à l’image, il ne faudra pas trop y questionner les trucages, assez navrants, ne serait-ce que pour l’évidence que l’équipe s’est amusée sur le tournage, quand les difficultés n’étaient pas au rendez-vous du moins. Si l’on veut vraiment dénoncer une chose en plus, c’est que l’œuvre ne trouve pas le ton juste ; entre l’esprit comic qui confinait aux jolis minois sans personnalité, à une technologie fortement dépendante des moyens de l’époque et à un héroïsme surréel, il y avait une sorte de cahier des charges tacite dont a par exemple souffert l’humour, trop sporadique et trop fugace pour qu’on ait le temps d’y goûter, ainsi que le ton en général (impossible de savoir si le film se prend au sérieux ou non) et l’insouciance caricaturale de la mort témoignant d’une écriture scénaristique plus friande de punchlines que de cohésion.
On passera sous le coup du bénéfice du doute que la phrase « scattered into atoms » (« réduit en atomes ») fût construite avec une candeur scientifique adorable plutôt qu’effectivement réfléchie. Cherchant timidement la veine outsideuse d’une SF qui vient d’être littéralement « boostée » par Star Wars, Flash Gordon place les jalons baroques du genre avec un trait inimitable et totalement vintage en matière de design. Pas vieilli pour autant, d’ailleurs, il est malheureusement hanté par des symptômes d’un navetisme fulgurant.
Créée
le 10 mars 2019
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