Le cinéma taïwanais m'a toujours passionné au moins du point de vue de ses résonances historiques, notamment dans les années 80 avec l'émergence du Taiwan New Cinema. Quelques années qui ont vu émerger deux de ses plus grands représentants, Hou Hsiao-Hsien et Edward Yang, avec de nombreux films épousant et même accompagnant la transformation du pays dans sa transition chaotique vers une certaine légitimité démocratique. On retrouve l'influence de ce courant cinématographique encore aujourd'hui à travers des réalisateurs comme le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul (qui revendique d'ailleurs l'héritage d'une certaine capacité soporifique) ou encore le Japonais Kiyoshi Kurosawa (particulièrement marqué par les films de Yang semble-t-il), mais le documentaire de la réalisatrice Chinlin Hsieh va bien au-delà de la sphère du cinéma, en interrogeant des artistes comme le dissident Ai Weiwei.


On peut noter la présence de débats légèrement contradictoires, par exemple entre Olivier Assayas et Jean-Michel Frodon sur la portée de ce cinéma taïwanais, ou encore entre Wang Bing et un autre réalisateur chinois. Si Hou Hsiao-hsien lui-même obtient le mot de la fin (qu'on aurait aimé un peu plus puissant), Flowers of Taipei: Taiwan New Cinema tisse de très nombreux liens avec d'autres artistes taïwanais contemporains comme Tsai Ming-liang, mais aussi à l'extérieur des frontières de l'île avec des personnalités comme Jia Zhang-ke qui expriment leur estime pour ce mouvement tout en regrettant qu'il n'y ait pas eu d'équivalent en Chine continentale. Le documentaire apporte de nombreux éléments sur l'histoire (politique et économique, notamment) du pays, avec par exemple l'influence de l'occupation japonaise, les purges des années 50, et la reconnaissance artistique à l'échelle internationale dans les années 80. L’ensemble est naturellement entrecoupé de nombreux extraits issus du cinéma de ces années.


Quelques séquences émouvantes viennent colorer le film d'une tonalité agréablement intimiste : le témoignage de Hirokazu Kore-eda sur le parallèle entre les cinémas japonais et taïwanais dans la chambre d'hôtel où Ozu et son co-scénariste Kogo Noda avaient l'habitude de travailler, ou encore celui de Tadanobu Asano de retour dans la librairie qu'il tenait dans le film de Hou Hsiao-hsien Café Lumière font leur petit effet.


http://je-mattarde.com/index.php?post/Flowers-of-Taipei-Taiwan-New-Cinema-de-Chinlin-Hsieh-2014

Morrinson
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le 28 mars 2021

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