The Blue Max à jamais ; Stachel, ne regarde pas ça.

Eole et toutes les divinités célestes peuvent en témoigner : j’aime les zincs. Buck Danny est un vieux compagnon, au même titre que Papy Boyington. Si je ne suis pas un puits de science sans fond sur le sujet, je mentirai en disant que je ne connais pas grand-chose. Alors voilà, lorsque la tnt offre la possibilité de découvrir un film récent que de vieux coucous de 14-18, je fonce. The Blue Max dans mes souvenirs – Crépuscule des Aigles – je me vautre donc dans le canapé et banzaï …

Par tous les dieux. Ma journée n’avait pas été assez chargée ? N’ai-je pas passé assez de temps dans les bouchons ? Ne m’ont-ils pas assez cassé les roubignoles, mes jeunes protégés ? Ben non. Par quoi commencer ? Allons-y pour les zincs, après tout je suis venu pour ça.

OK, on a droit à de vieux coucous dont très peu subsistent encore aujourd’hui ; d’ailleurs les scènes de combat sont en 3dMax donc autant respecter un minimum la réalité : on ouvre un bouquin, au pire une recherche sur le net et voilà. Oui, mais non. Pour faire fun, on sort des Fokker du Baron Rouge alors même que la période traitée est antérieure de plusieurs mois à la sortie de l’as des as. Pire, le Fokker était rare et là il est légion. On connait un seul écarlate, celui du Baron : ben non, en en sort des wagons ; j’ai été à deux doigts de chercher des Tie-Fighter ou des X-Wings. Le pire, c’est que le réalisateur est capable de livrer un beau Gotha : alors quoi, un Albatros c’était pas assez sexy ? Pourquoi se foutre la tête dans le cul et vouloir imposer le zinc mythique ? Ben pour apâter le chaland, pardi. Après tout, qui se fout de savoir quand est sorti tel ou tel zinc ? Je ne vais pas faire mon rabat-joie sur les cocardes allemande de fin de guerre ; non, le massacre est pire avec le zeppelin transformé en Forteresse volante mode Memphis Bell, avec sa horde de chasseur de couverture. Là, j’ai ri tellement c’est ridicule et anachronique. Mais pas autant que ces duels aériens ou les coucous à pistons, gavés de testostérone et emportés par la sic épique – pardon au mot épique – sont capables de vrilles impossibles, de chandelles, de virages à 90°, de piqués exceptionnels, se jouant des vents ascendants, des limites techniques de l’époque, de la toile de … merde, sans déconner, ces pauvres zincs se seraient désintégrés à faire de telles cabrioles. Les ailes n’auraient jamais tenues ! Et que dire de ces gouvernails qui vont à l’inverse d’un phénomène de base ; gouvernail à gauche, virage à droite … Ah oui, au passage, un moteur d’époque, ça bouge un peu …

Entracte : si vous voulez partir, c’est le moment car je vous préviens ça va être saignant. Mes avions chéris méritent une défense digne de ce nom et leurs pilotes tout autant. Foutre, ça va chier.

La synthèse est donc terriblement affligeante là où The Blue Max apportait son lot de scène de VRAI avions, lents, patauds, suintant l’huile tremblant de tous leur être. Un conseil quand vous aurez un peu de temps : trouvez deux tondeuses : mettez les à fond et à une distance d’une dizaine de mètres ; là, convoquez un pote et dites : « on les prend revers ». Quoi, ça risque de ne pas marcher ? Ben figurez-vous que si : dans cette admirable reconstitution les pilotes parlent en plein vol sans souci. A se demander pourquoi on s’est emmerdé à équiper les avions de radio.

Allez, petit florilège de nawak : votre pote se fait descendre entre deux tranchées : pas de soucis, il se pose au milieu et on le récupère. Peu importe l’artillerie allemande qui se déclenche car elle vous a repéré (à noter que dès 14-18 les localisations GPS étaient très bonnes grâce au satellite de Moriarty), elle va vous râter. Le méchant boche a buté un des héros ? Pas grave. Ce dernier, criblé de balles, mais alors carrément criblé, vous fera une petite chandelle avec son zinc en miette pour qu’il puisse jouer au kamikaze anti zellepin. Des méchants teutons menacent votre dulcinée ? Pas grave : un coup d’avion et on la récupère sans souci de nuit grâce aux lunettes de vison nocturne estampillée Jules Vernes Powa.

Vous la sentez, la haine qui monte ? Vous êtes loin du compte. Je vais me le payer, ce foutu nanard. Marre de ces histoires de pilote avec la gonzesse qui chiale. Car tout est là. J’étais venu pour un hommage à The Blue Max, je suis devant un erzats de Pearl Harbour. On a notre galerie infecte : Jean Reno en mode « officier français à moustache approuvé », tout simplement ridicule. Notre fils de bonne famille bien raciste qui va bien évoluer, notre Noir historiquement correct comme premier pilote de chasse mais ici bien en place pour la case « black sympa certified » et « permettre au raciste de se repentir ou d’être purgé ». Et le joli cœur avec sa jolie photo de sa jolie femme qui a peur de la pas jolie guerre. Ah, et ces colorisations de fou, cette palette chaude qui sent bon la romance type feu de l’amour … mince, j’en étais à dézinguer les héros. Ah oui, THE HEROS : James Franco, qui va vite croiser sa jolie française pour que l’histoire à deux balles puissent prendre corps. Une jolie paysanne qui se traine les deux marmots de son pauvre frangin victime des salauds de boches. Car oui, le boche est retors. Le Teuton, c’est un enfoiré. Il y a bien un héritier de Siegfried – Franz pour les intimes - qui se la joue chevaleresque mais qu’on se rassure : le Schleu au Fokker Noir est une vile ordure. Un putain d’enfoiré qui attaque dans le dos. Fais gaffe, méchant, viens taquiner du héros en duel final, tu feras moins le malin quand je vais sortir mon flingue car oui, je suis un fucking cowboy. Même que si je pique un avion, la hiérarchie française, chevaleresque, passe l’éponge car elle est trop heureuse de compter sur les ricains pour sauver la patrie.

Une histoire à la guimauve vampirisante. Une sic pompeuse. Des situations ridicules au possible. Des images de synthèses gerbantes telles ce bombardement improbable.

Une histoire clean, de la propreté, des bons sentiments le tout avec, le pire, la prétention de montrer une guerre horrible. Qu’ils sont loin, Georges Peppard, Jeremy Kemp et Ursula Andress.

L’escadrille Lafayette méritait bien un film. Mais il eût fallu de la crasse, de l’alcool, de la guerre, la vrai, celle qui pourfend les âmes. Des femmes, oui pourquoi pas, mais alors des putes, aussi, des vrais qui ne se contentent pas de rire en voyant des beaux pilotes tout propres. Des tensions entre pilotes, des couards, des vrais, de la dramaturgie bref, il eût fallu se rapprocher de l’ombre d’un Crépuscule des aigles. Le pire dans tout ça ? Pearl Harbour semble presque être une superbe reconstitution historique avec une histoire d’amour classe …

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le 27 mai 2013

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Aqualudo

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