Le film s'ouvre sur une très belle première scène où, Béatrice, blonde et chic, apparaît comme la maîtresse des lieux : la Villa Biondi, établissement à but thérapeutique allant à l'encontre des principes carcéraux, serait un bâtiment que possède sa riche famille. Elle piétine de ses chaussures à talons une allée de gravier, une élégante ombrelle à la main, et donne des directives aux femmes qu'elle croise d'un ton assuré et expérimenté. Mais une auxiliaire la fait retomber sur Terre ; elle est une patiente. Alors que nous en apprenons plus sur son cas (elle a fait preuve de violence par le passé, influencée par un amant gangster, et a été placée à la Villa Biondi par son mari gâteux et fortuné), on comprend qu'elle n'est pas une "châtelaine" raffinée mais une femme qui soigne son profond mal-être en se racontant des histoires et en se cachant derrière un masque de folie douce.
L'arrivée de la fragile Donatella va bouleverser les choses. Son caractère est complètement opposé à celui de Béatrice : introvertie, abîmée physiquement (elle arrive couverte de contusions), mal à l'aise, ayant vécu dans un milieu difficile, suicidaire, elle ne cherche pas à [se] cacher qu'elle est mal dans sa peau et semble avoir un passé familial qui la ronge. Ensemble, elles vont obtenir l'autorisation de sortir, se perdre dans la ville, et surtout, tenter de recoller les morceaux de la vie de Donatella. Mais par ce biais, Béatrice recolle aussi la sienne : au beau milieu des histoires qu'elle s'invente, son amitié forte avec la jeune femme est le seul lien qui lui permette de ne pas s'envoler loin. Complémentaires, elles ont mutuellement un effet thérapeutique sur l'autre.
Donatella, qui a abandonné toute forme de réticence, finit par accepter la situation après avoir retrouvé la trace de son fils perdu ; quant à Béatrice, c'est une acceptation d'elle-même qu'elle est amenée à faire. Leur rencontre aura donné lieu à leur apaisement, et enfin, au bonheur.