Le déconfinement est arrivé, les cinémas ont rouvert, et vous n’êtes pas sans savoir que de nombreux films attendus arrivent sur nos écrans très prochainement. Le plus médiatisé d'entre eux, c’est le dernier long-métrage de Christopher Nolan, Tenet, film d’espionnage saupoudré de fantastique, comme peuvent nous laisser imaginer ses premières images. Avant cela, nous cinéphiles avons le temps de nous replonger dans les œuvres précédentes du cinéaste britannique. Et quoi de plus logique, avant de réserver nos places pour sa dernière œuvre, que de (re)découvrir sa première.
Son premier long-métrage, Following, sorti en 1999, a tout d’un premier film étudiant. Un nombre restreint de personnages principaux – trois -, des lieux publics ou des appartements facilement accessibles, une intrigue s’ancrant dans la réalité des individus, et un grain d’image particulier : un noir et blanc de pellicule qui rend le tout extrêmement organique. Le montage, quant à lui, dupe sans arrêt le spectateur comme le personnage principal tente de tromper son entourage, de manière non-chronologique. Et comme tout film de Nolan qui se respecte, vous aurez le droit à un twist final, mais promis, cette fois ce n'est pas un rêve. On y voit déjà les traces de Memento, sorti deux ans plus tard, où les défaillances mémorielles de son personnage principal étaient exprimées par le biais d’un montage volontairement éclaté, censé représenter la perception intime de ce protagoniste.


Le film raconte l'histoire de Bill, romancier londonien qui, pour pimenter sa vie et nourrir ses œuvres, tue son temps libre en suivant des personnes prises au hasard, dans la rue. Sa routine est brisée lorsqu'il rencontre Cobb, un cambrioleur, ce dernier ayant remarqué la conduite voyeuriste de Bill. Les deux hommes vont s'allier pour faire des coups, avec l'espoir de se faire de l'argent en pénétrant dans le domicile des gens.
Le nombre restreint de personnages impose une logique humaine dans la narration. L’angle psychologique, primordial chez le cinéaste, est ici le moteur de ce premier film. De quelle manière pouvons-nous comprendre un individu, juste en rentrant chez lui ? En apprenons-nous autant sur nous-mêmes ? L’intrusion dans l’intimité est essentielle pour comprendre la suite de ses films. Rentrer dans les rêves d’autrui (Inception) dans la mémoire (Memento), est finalement la continuité logique de ce premier essai de cinéma, mais d’une manière brute ici. C’est un film de faux-semblants, d’arnaqueur et de dupés, comme le cinéaste l’a bien fait dans la suite de sa carrière. Le montage emprunte la voie du non-chronologique. La caméra à l’épaule, donne quasiment un aspect documentaire à ce film, tant Nolan stylise au minimum ses effets de réalisation. Le mélange de cet aspect classique de la mise en scène, et moderne de son montage, donne un cachet supplémentaire au film, une force qu’on peut appeler identité.
Tout est bien dosé dans cette heure et 10 minutes plutôt efficaces, où le jeu des acteurs en est pour beaucoup. L’intrigue est simple mais prenante, sans grand artifice. Il est assez rare de voir Nolan faire des gros plans. Son usage récurrent du format IMAX depuis The Dark Knight lui a permis la mise en images de plans spectaculaires, en grand angle, pour des panoramas dantesques, en digne héritier de David Lean. Ce qui est notable c’est cette succession de très gros plans dans l’ouverture du film, des mains écrivant sur du papier. Rien de bien révolutionnaire mais une sensation d’intimisme, et une métaphore du propos du film est déjà observable : Nolan écrit sur des gens, comme vous et moi, et en fait une analyse qui n’en sera pas élogieuse. La caméra est trop proche, tout comme le cinéaste est trop voyeur de ces personnages, le portrait sera donc chirurgical, presque scientifique.


La suite de la critique ici : http://fuckingcinephiles.blogspot.com/2020/08/touche-pas-non-plus-mes-90s-96-following.html

Florian_Lecheva
7
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le 20 sept. 2020

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