La vie est une boite de Chocolat

Comme la mère de Forrest Gump disait toujours : "la vie, c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber". Eh bien le cinéma, c’est pareil. Quelquefois, le 7ème art a le don de nous offrir de belles histoires, emmenant le spectateur vers les cimes d’une émotion intense, et c’est si bon que le public aimerait en voir plus souvent. D’un autre côté, il est aussi bien que de tels chefs-d’œuvre soient si peu nombreux. D’une part leur rareté font leur valeur, et d’autre part si la qualité des longs métrages était toujours la même, ce serait lassant. Clairement, "Forrest Gump" sort du lot. Après toute une série de réalisations particulièrement rythmées, Robert Zemeckis surprend tout le monde avec cette réalisation toute en sobriété en nous présentant le personnage phare imaginé par le romancier Winston Groom et adapté par le scénariste Eric Roth. Tom Hanks est de nouveau sur le devant de la scène. Souvenez-vous : l’année précédente, ce comédien avait ébloui son public en interprétant un avocat malade du sida dans "Philadelphia". Eh bien, ce n’est rien à côté de ce qu’il nous propose ici en prêtant ses traits à Forrest Gump. Une véritable performance qui le rapproche de celle de Dustin Hoffman dans "Rain man". Rien à voir avec l’autisme ou toute autre maladie apparentée, non. Ici, il interprète une personne lambda dont le seul défaut est d’avoir un quotient intellectuel bien peu mirobolant. Nous trouvons le rôle-titre assis sur un banc public, se tenant comme un écolier bien sage semblant attendre patiemment son bus, et qui commence à raconter son histoire à quiconque a le malheur (ou le bonheur) de partager ce banc. Rien de bien exceptionnel, me direz-vous. Et vous rajouterez même peut-être que ça a l’air ennuyeux. Eh bien pas du tout ! La narration est faite comme si cette personne était en train de nous lire ses mémoires, au fur et à mesure que ses souvenirs remontent, agrémentée de flash-backs savamment mis en place afin de nous faire profiter de toutes ces anecdotes dont (au fond, il faut bien le dire) tout le monde (ou presque) se fout… Si, si : imaginez-vous que vous allez vous assoir sur un banc et que quelqu’un vous raconte sa vie : la plupart d’entre nous va déserter l’endroit… Mais la qualité de la narration est telle que nous ne pouvons qu’éprouver de l’empathie envers ce personnage au périple aussi unique que palpitant, gravitant autour des rares conseils qui lui ont été donnés. Son odyssée fait passer le spectateur par une grande variété de sentiments, allant du rire aux larmes, en passant par la compassion. Résumé ainsi, ça parait bien peu mais je ne peux me résoudre à en dire plus afin de ne pas trop en révéler à ceux qui ne connaîtraient pas encore ce film. Ce que je puis dire, c’est que Tom Hanks est… stratosphérique dans la peau de ce personnage un peu bêtassou mais pas si idiot que ça. La façon de se tenir, le plissement des yeux, son envie de pisser alors qu’il est à une réunion mondaine, (à croire qu’il a d’ailleurs des problèmes avec sa vessie puisqu’on le voit de nouveau en délicatesse avec elle dans "La ligne verte"), le silence qui le submerge pour interpréter le vide abyssal qu’il éprouve quand voilà Jenny partie… tout y est. On ne peut que s’émerveiller devant la pureté des sentiments qui animent le personnage : son incapacité de fomenter le moindre calcul pour un quelconque intérêt personnel, minime soit-il, le rend incroyablement droit dans sa ligne de conduite envers les gens de son entourage : fidèle quoi qu’il arrive. Je n’ai pas vu "Forrest Gump" en version originale, ce qui peut être une lacune, mais au moins l’absence de sous-titres permet de se concentrer sur ce qu’il se passe quelquefois en arrière-plan. Et puis il faut reconnaître que le doublage en français est très bon aussi. En plus d’un scénario particulièrement bien écrit, la réalisation de Robert Zemeckis est excellente, enchaînant les différents thèmes les uns aux autres avec une sorte de logique implacable, ponctuée ici et là de fausses vraies (ou vraies fausses, c’est selon) images d’archives (merci aux effets visuels d’une grande efficacité). On nous parle de tout et de rien, mêlant habilement des anecdotes insignifiantes aux plus importantes. De plus, Zemeckis a su mettre en avant chaque détail, y compris le plus anodin comme le bruissement des blés dans le vent. Chargé de poésie, "Forrest Gump" est un film intemporel où Tom Hanks a poussé tout le monde à exprimer son talent au mieux possible. Il en va ainsi pour Sally Field, très convaincante en Madame Gump dans ses vieux jours, dont son attitude en vieille dame nous fait oublier qu’elle n’est en réalité l’aînée de Tom Hanks que de seulement dix ans. Mais comment ne pas parler de Gary Sinise, aujourd’hui enfermé dans la série "Les experts : Manhattan" ? A travers son personnage qui va passer par de multiples visages, il va donner parfaitement la réplique à Tom Hanks. Lui qui parait dans la série que je viens de nommer si droit, si inflexible, et peu expressif, il montre ici au grand public un formidable talent qui n’a été malheureusement que peu exploité dans sa carrière. A moins qu’il n’ait pas su rééditer une telle performance, laquelle lui aura valu tout de même d’être au moins d’être nominé aux Oscars et aux Golden Globes… "Forrest Gump" est donc un film puissant, émouvant, touchant, et qui reste longtemps dans la mémoire, offrant par ailleurs une belle photographie ; et il est considéré comme si important culturellement, historiquement et esthétiquement, que ce long métrage a été sélectionné en 2011 par la National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain afin d’y être conservé. En effet, malgré quelques menus changements dans le personnage créé par l’écrivain, l’œuvre de Zemeckis permet au spectateur de revivre ou découvrir l’histoire des Etats-Unis des années cinquante aux années quatre-vingt à travers une fabuleuse histoire. Inoubliable, un film à conserver absolument dans sa vidéothèque. Alors si toi, petit lecteur, tu ne connais pas "Forrest Gump" : cours !!!

MHS
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Films

Créée

le 5 janv. 2020

Critique lue 238 fois

MHS

Écrit par

Critique lue 238 fois

D'autres avis sur Forrest Gump

Forrest Gump
Docteur_Jivago
2

Heureux sont les simples d'esprit...

Je le savais bien... Déjà plus jeune je n'aimais pas forcément ce film mais le revoir a été une bien mauvaise idée et ça ne fait que me conforter dans mon opinion et sur ce que je peux penser d'un...

le 14 mars 2015

63 j'aime

24

Forrest Gump
RimbaudWarrior
10

Itinéraire d’un enfant raillé

Il y a des films comme ça... Des films sur lesquels souffle un vent de magie, des films grâce auxquels notre coeur s'allège avant de s'envoler telle une plume inspirée... C’est le cas de Forrest ...

le 17 sept. 2015

61 j'aime

13

Forrest Gump
TheBadBreaker
9

Léger comme une plume, savoureux comme du chocolat

Une plume s'envole et tombe aux pieds d'un homme. Cette plume symbolise deux choses : l'écriture (la narration) et la légèreté. C'est ainsi qu'une histoire nous est contée; celle d'un homme simple...

le 15 sept. 2013

50 j'aime

Du même critique

Uncharted 4: A Thief's End
MHS
10

c'est beau

Je viens de finir U4 c'est objectivement le meilleurs épisode de la saga a 100 lieues du mauvais gout des précédent. Beaucoup moins d'action mais c'est heureusement ce que j'attendais ca devenais...

Par

le 27 févr. 2020

Le Loup de Wall Street
MHS
8

Critique de Le Loup de Wall Street par MHS

Le loup de Wall Street “ un très grand film de Martin Scorsese . C'est l'histoire de Jordan Belfort ( leonardo DiCaprio ) un courtier en bourse ambitieux de Wall Street qui veut réussir dans les...

Par

le 5 janv. 2020

The Dark Knight - Le Chevalier noir
MHS
9

Nolan surcoté? vous êtes rigolo.

2014 Le style de Nolan est toujours aussi présent dans cette suite du Chevalier Noir... Toujours cette ambiance dramatique sombre et qui pèse dans l'air, c'est ce qui le différencie des autres films...

Par

le 5 janv. 2020