Un retour aux westerns classiques des années 50 et 60



  • Un truc te chiffonne ? Ta mère et moi, on n'arrêtait pas de se demander, ainsi qu'à Dieu, ce qu'on avait raté dans ton éducation. Qu'est-ce qu'on a fait pour que tu éprouves tant de haine ?

  • C'était pas vous.

  • Jean 8:32. Tu te souviens ? "La vérité vous affranchira." Dieu connaît la vérité.

  • Pendant la guerre, j'arrêtais pas de me demander : "Où est Dieu ?" Où était-il à Shiloh et Seven Pines parmi tous ces morts ? Tous des hommes bons, très croyants. Ils gisaient là. Le suppliant d'avoir un petit geste de pitié pour eux. Et soudain, j'ai compris. Dieu n'existe pas.

  • Dieu n'existe pas ?

  • S'il y a un moment où les hommes avaient besoin de Dieu, c'était là. Crois-moi, il n'était pas là. Si tu crois que Dieu va te sauver, tu te trompes.

  • À l'issue de cette guerre, la plupart ne voulaient plus entendre parler de tuer. Mais pas toi. Tu es allé chercher ça. Dieu n'est pas responsable de la vie que tu as choisie.

  • Je ne l'ai pas choisie!



Forsaken : retour à Fowler City de Jon Cassar est une oeuvre intime et confidentielle dans laquelle le réalisateur retrouve son acteur fétiche avec qui il a tourné la série culte "24h chrono". Un film qui marque aussi la première collaboration entre un père et son fils avec les comédiens Kiefer et Donald Sutherland. Un western moderne qui m'a agréablement surpris autant dans sa forme que dans son fond qui dépasse ses origines de série B de par une histoire à construction lente dramatiquement efficace avec un développement des personnages saisissant le tout agrémenté par une approche réaliste. Le cinéaste dépeint à travers son oeuvre un western à l'ancienne dans une pure mouvance traditionnelle dans lequel on ne trouve aucune image de synthèse ni d'effets spéciaux pour accentuer une séquence, ni d'exagération au niveau des péripéties. Toutefois, rassurez-vous, on a droit à une fusillade finale des plus percutantes avec un apport de la violence ultra-réaliste autour d'un contraste dur, radical, simple et idyllique à la fois. Une synthèse pleine de subtilité et de nuance.


Un western spirituel avant tout centré sur son scénario qui présente un récit se déroulant en 1872 dans le Wyoming, avec John Henry Clayton (Kiefer Sutherland) ex-tireur renommé et traumatisé qui dix ans après la guerre de Sécession se décide enfin à rentrer chez lui en laissant sa vie de tueur en arrière-plan en laissant tomber définitivement les armes pour mieux renouer avec son père : le révérend Clayton (Donald Sutherland), ainsi que son ancienne fiancée : Mary-Alice (Demi Moore), qui ne sont pas prêts à l'accepter si facilement car n'ayant donné aucune nouvelle durant dix années. Une quête de rédemption où Clayton de par ses actes va tenter de rétablir sa vie en reconstruisant ses relations mais qui tout au long de l'intrigue sera partagé entre reprendre les armes où les laisser à jamais dans leurs étuis à cause de James McCurdy (Bryan Cox) qui use de violence pour s'approprier les terres des éleveurs pour le chemin de fer. Une histoire émouvante sur le pardon et sur le rôle de la foi mais aussi de la violence au sein d'une communauté dans lequel les dialogues sont finement travaillés avec des répliques plein de symbolismes, qui à travers une belle réalisation avec de beaux décors des campagnes canadiennes appuyé par une excellente composition musicale de Jonathan Goldsmith, s'avèrent des plus appréciables.


Les jeux d'acteurs sont mémorables avec un Kiefer Sutherland qui est étonnamment convaincant et polyvalent en tant que cow-boy tiraillé entre son ancienne et nouvelle vie. Le comédien est émouvant à travers un rôle meurtri dans lequel il va se dévoiler au point d'être bouleversant au côté de son père, comme lors de la séquence dans l'église où il éclate en larmes dans les bras de son père. Le duo Kiefer/Donald Sutherland fonctionne à merveille, se renvoyant avec conviction et détermination des répliques frappantes et intelligentes. Le rapport intimiste liant les deux comédiens se répercute positivement dans les prestations des deux hommes. Donald Sutherland en tant que révérend John Henry, est fabuleux, amenant une prestation nuancée à travers une attitude amère et chagrinée notifiant les problèmes profonds et brisés le liant à son fils. À travers ces deux personnages, Forsaken : retour à Fowler City pose des questions pertinentes sur la place de Dieu, le rôle de la violence, la loyauté entre les membres d'une famille, la morale ou encore le pardon, en explorant la nature humaine à travers la communauté, l'amour, la croyance et la brutalité. La conviction de la foi face à la conviction de la réalité.


Demi Moore pour Mary-Alice est un peu oubliable, néanmoins j'apprécie grandement l'intelligence du récit qui ne commet pas la facilité de renouer amoureusement le personnage de la comédienne avec celui de John Henry Clayton. Un grand amour qui finalement restera un regret douloureux évitant ainsi tout cliché facile. Une relation des plus matures. Bryan Cox en tant qu'antagoniste principal a l'influence corruptrice capable de vendre jusqu'à sa propre âme pour ce qu'il désire est convaincant. Le comédien incarne efficacement comme à son habitude les pourries insidieux en tant que cerveau principal qui peut compter sur un bras armé sadique en la personne de Landon Liboiron. Michael Wincott sous les traits de Dave Turner, tueur à gages embauché par James McCurdy est génial. En tant que Sudiste ayant participé aux mêmes batailles que John Henry Clayton mais dans le camp opposé, il offre une véritable dualité en représentant totalement le mode de vie de flingueur auquel le personnage de Kiefer Sutherland tente de fuir. Michael Wincott offre un miroir intelligent à John Henry Clayton, faisant preuve d'égards pour la vie malgré son boulot de tueur. La relation entre Clayton et Turner est très intéressante de part le respect mutuel qui lie les deux hommes, qui dans une situation différente pourrait être les meilleures amis du monde. Michael Wincott est dans ce rôle sacrément charismatique et convaincant.


CONCLUSION :


Forsaken : retour à Fowler City réalisé par Jon Cassar est un bon film qui possède bien plus de qualité que ce à quoi on pourrait s'attendre, entre une relation complexe père-fils, un amour perdu, un travail sur le deuil ainsi que sur le pardon, ou encore un casting détonnant avec la première collaboration devant la caméra entre Kiefer Sutherland et Donald Sutherland qui offrent une performance à la hauteur de la rencontre. Tout est rassemblé pour offrir un spectacle des plus satisfaisants.


Rencontre entre le western moderne et le western traditionnel.

B_Jérémy
7
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le 1 juil. 2021

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