Fou à tuer
5.6
Fou à tuer

Film de David Schmoeller (1986)

Il y avait tout pour qu'on tienne là un très bon film d'horreur à tendance psychologique. Seulement, c'est avec la plus grande incompréhension qu'on assiste à une oeuvre schizophrène, clairement scindée en deux : une partie horreur complètement à la ramasse, jouée par des acteurs sans talents et plutôt molle dans la mise en scène. Et une partie Kinski plus qu'intéressante, l'acteur fou y (Bernard) campant un psychopathe à la construction intéressante.
Car là est ce qui sauve le film du naufrage complet, voir le grand Klaus camper un ancien de la jeunesse hitlerrienne, enfant d'un nazi, devenu par la suite docteur pratiquant l'euthanasie, et depuis en cavale, ça relève du pur plaisir. Il évite avec brio le cabotinage qu'il sert habituellement dans les productions au rabais pour livrer une interprétation hors norme, comme seul lui en avait le secret. Le final est d'ailleurs impressionnant, Kinski, avec ses traits vieillissants, maquillé à outrance, affublé d'un costume nazi et pratiquant l'horrible salut...
Et comme si la seule présence de ce surdoué suffisait à créer une dynamique, le niveau de la réalisation de Schmoeller (qui n'est cependant pas un mauvais, notamment en donnant un Tourist Trap très regardable) prend son envol quand Kinski est à l'écran. Choisissant de ne pas jouer sur le gore facile, il préfère créer le malaise en décrivant adroitement les habitudes délirante de cet ancien nazi. De même, il a recours à la suggestion lors des séquences de meurtres, comme celle de la chaise piégée (attention, ça pique), d'une grande efficacité sans pour autant ne montrer aucune goutte de sang. L'astuce, montrer le déclenchement du piège bien en amont, lui associer un bruitage marquant, et le tour est joué : quand le bruitage se fait entendre, c'est toute l'échine qui se glace, très efficace.

Cependant, au final on ne peut pas être satisfait.Les dialogues, par exemple, sont médiocre. Certes ils sont prononcés par des acteurs qui le sont tout autant (à part Kinski, donc), mais ça n'excuse pas une telle merveille de nanarderie, sortie d'une séquence au lit :
greluche : es-tu riche ?
vieux : oui, mais c'est important ?
greluche : oh oui
vieux : oh toi, tu es vraiment une femme comme on en voit peu.
Vraiment dommage que le niveau de qualité baisse de la sorte dès que Kinski disparaît, on tenait là un petit bijou...
Bavaria
4
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le 17 sept. 2010

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