Mark et Dave Schultz sont des lutteurs pros évoluant sous la férule d’un mec un peu chelou, John Eleuthere du Pont. Foxcatcher est un biopic, tiré d’une histoire vraie assez méconnue dont vous devriez, conseil d’ami, ne pas prendre connaissance : putain de spoil y-compris apparemment dans les dossiers de presse à venir.

Aussi, je me refuserai dans l’article qui suit à sortir ma science et à vous expliquer les destins malheureux de ces deux athlètes américains coachés par ce richissime abruti nationaliste en pleine Guerre Froide, à quelques mois des Jeux de Séoul (1988).

Pourtant, ma licence en STAPS pourrait faire de moi un putain d’expert, mais non. N’insistez pas.

NB : J’ai eu 16 à ma licence en histoire du sport.

Je me cantonnerai ici à vous causer ciné, et vous devrez me faire confiance sur le fait que je serais intarissable, si vous m’ameniez sur la pente du fait divers sportif.

Pourtant, la lutte, franchement, c’est loin d’être passionnant. C’est pourtant ce que Bennett Miller filme le mieux, ici. Celle des corps et des égos, quelque peu didactique dans sa bonne idée, mais plutôt habile à rendre compte des relations dominants-dominés, bien aidé par un casting au top. En tête, Carell affublé d’un ridicule gros nez crève l’écran dans son rôle de loser, façon The Office, mais beaucoup moins inoffensif en restant tout aussi opportuniste.

Passée l’exposition des personnages et de ses enjeux, facilement compréhensibles car bien amenés, le film patine dans la semoule pour finir par ennuyer. Il n’est aucunement question d’un film sportif façon Rocky, puisqu’ici les combats ne sont que des points d’étapes. Les destins des frangins et de leur coach finissent par avoir raison de la résistance des festivaliers, qui se surprennent à lutter, eux aussi.

Pourtant, Bennett Miller semble à plusieurs reprises voir beaucoup plus loin que le bout du – pourtant gros, vous dis-je – nez de Steve Carell. Parce qu’on ne peut imaginer que les maquillages de Carell et Tatum ne sont là que pour le fun. Personne ne connaît les visages des lutteurs dont l’histoire est inspirée, ça n’est donc assurément pas l’idée. Lesdits maquillages donnent sur certains plans un aspect monstrueux, grotesque aux personnages, mettant le spectateur dans une situation des plus inconfortables. Doit-on rire ? Trembler ?

Par ailleurs, il paraît étonnant de complètement taire le volet dopage, pourtant assez pregnant dans le fait divers. La volonté de Miller est ailleurs, mais elle n’est pas facilement (pas assez ?) accessible, même si on la décèle çà et là. Pour sûr, Foxcatcher sera un film à revoir. De ceux qu’il convient de ne pas juger trop hâtivement. Un anti-film de festival, en somme.
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le 20 mai 2014

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