Foxcatcher est malin: il va pouvoir entrer directement sur le podium des meilleurs oeuvres récentes dans la catégorie "histoire vraies édifiante à base d’acteur grimé à contre-emploi", directement aux côtés de J. Edgar et American Bluff. Et comme pour ses petits camarades, on se demande pendant presque tout le film quelle est la réelle valeur ajoutée de ce maquillage, en terme de crédibilité.


Allons enfants de l’apathie


Steve Carell est irréprochable, c’est vrai. Mais avec la façon qui est la sienne de traverser le film avec la tête relevée, John du Pont m’a donné en permanence l’impression qu’il tentait d’y voir quelque chose par dessus sa prothèse nasale, ce qui pollue passablement l’expérience du spectateur pointilleux que je peux être, vous en conviendrez.
(enfin... vous conviendrez que ça pollue, pas que je suis pointilleux, j’espère)


Le fait est que l’on met un moment à saisir ou se rencontrera le nœud gordien de l’affaire. Dans l’incapacité du primate Mark Schultz a franchir un pallier malgré les conditions matérielles dignes d’un jeune footballer professionnel de 2015 ? Dans l’affrontement naissant avec son profil-bas de frère (Ruffalo, qui enfile les belles performances comme des perles) qui parvient à enchainer, lui, plus de trois phrases sujet-verbe-complément ?


Et pour le reste, il y a master Carell


L’enjeu dramatique trouvera donc finalement en d’autres terres son climax. Mais, si on en revient sur le terrain vague de la comparaison (qui n’est pas raison, me hurle un lecteur, la-bas, en bas à droite, et il est foutrement pertinent), il ne trouvera pas la force d’un "most violent year", par exemple, par la simplicité de son message final. Certes, l’argent ne peut pas tout acheter, ni l’amour ou la considération d’une mère, ni le rôle de gourou et encore celui de coach talentueux, mais l’ignorions-nous jusque là?


La dure lutte, c’est combien ?


Comme tout bon film qui plonge son objectif dans un milieu atypique, nous découvrons, stupéfaits, quelques particularités étonnantes sur le milieu des lutteurs, comme leur incroyable capacité à se retourner et un clin d’œil. Pas tous les jours que tu rencontres un type dont l’attitude la plus potentiellement dangereuse consiste à te tourner le dos.
Mais quitte à faire dans le retournement, j’aurai préféré qu’il soit de situation.

guyness

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